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médaille en plomb, attribuée jusqu’ici, avec une autre, malgré certaines hésitations, au souvenir de Jeanne d’Arc[1], et dont cette nouvelle théorie veut transporter l’assignation à Pierronne (chap. VII, p. 145-150). On ne voit à cela aucune espèce de raison : aussi bien l’auteur n’en fournit-il pour ainsi dire pas. Les arguments par lesquels on serait en droit de combattre l’attribution de ce témoignage à la Pucelle peuvent parfaitement subsister, sans pour cela constituer des raisons à l’appui de cette thèse aventurée, une longue chevelure et une robe mi-ouverte (p. 150) ne suffisant pas, à ce qu’il semble, pour caractériser Pierronne de Bretagne et la différencier de toute autre représentation féminine quelconque.

Cette nouvelle paraphrase n’apporte donc aucun élément dont la critique ait à tenir compte. Elle risquerait seulement de prêter des raisons, sérieuses cette fois, opposables au touchant mouvement qui se manifeste pour tirer de l’oubli la fidèle et vaillante associée de la grande libératrice de la France[2], dont le rang est marqué dans la liste des héros ignorés de la reconquête nationale. À la suite de pareilles exagérations, concluant du particulier au général, n’a-t-on pas presqu’avancé, sinon assuré, que Pierronne de Bretagne n’avait jamais existé ! Souhaitons cependant, pour l’intégrité de son renom, que le zèle d’apologistes historiques mieux intentionnés qu’informés ne vienne pas fournir d’arguments ni d’armes équivoques contre le souvenir ému auquel sa mémoire a droit.


Germain Lefèvre-Pontalis.


Les juges de Jeanne d’Arc à Poitiers. Membres du Parlement ou gens d’Église ? par Octave Raguenet de Saint-Albin. Orléans, Herluison, 1894. In-8o, 46 pages. (Extrait des Mémoires de l’Académie de Sainte-Croix.)


À l’occasion d’un détail scénique de la représentation du Nouveau Mystère du siège d’Orléans, dû à la poétique initiative de M. Émile Eude, architecte du monument projeté de Vaucouleurs, et représenté à Orléans le 6 mai dernier, M. Raguenet de Saint-Albin s’est trouvé amené à rechercher quelle avait été la composition exacte de la commission d’enquête instituée à Poitiers, au sujet de Jeanne d’Arc, en mars 1429, à la suite de ses premiers entretiens avec Charles VII, comme chacun sait. À ce propos, l’auteur rassemble et présente nombre de preuves

  1. Résumé de la discussion dans Vallet de Viriville, Notes sur deux médailles de plomb relatives à Jeanne d’Arc. Paris, 1861, in-8o, 30 p. (Extrait de la Revue archéologique, avril et mai 1861, nouv. série, t. III, p. 380-392 et 425-438.)
  2. Voir ce qu’en dit, sur ce point, Vallet de Viriville, Procès de Jeanne Darc, p. LXIV-LXV.