Page:Bibliothèque de l’École des chartes - 1895 - tome 56.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cordonniers se faisaient encore délivrer des statuts en 1789. Parmi les plus anciennes rédactions, citons les maçons (1397), les premiers règlements des notaires (fin du XIVe siècle), puis les chasseurs (1400), les selliers (1405), les agriculteurs (1407), les bouchers (1432). Le retour définitif de la papauté, l’avènement de Nicolas V, en 1449, deviennent le signal d’un développement progressif de l’industrie et de la richesse. Jusqu’à la fin du XVe siècle, six nouvelles corporations rédigent leurs statuts. Les réglementations nouvelles succèdent dès lors sans interruption pendant les deux siècles suivants. En 1791 et 1794, quelques corporations remanient encore leurs législations respectives.

Comme le remarque l’auteur, « on ne peut que rarement assigner de date précise à la formation d’une corporation, excepté lorsqu’elle naît d’une scission ou d’un concours de circonstances exceptionnel. » Rien n’est plus vrai. Ainsi ne faudrait-il pas croire que les communautés romaines n’aient commencé à exister qu’à la date des règlements qui, une à une, les constatent et les consacrent. Ainsi deux curieux documents, cités par M. Rodocanachi, un récit de procession daté de 1462, une description de carnaval en 1513, font voir qu’à ces époques un très grand nombre de corps de métiers, non encore ordonnés, participaient officiellement à ces cérémonies, d’où l’on peut conclure que les artisans dont il est fait mention formaient réellement des associations, « des corporations au sens le plus étroit du mot, » quand bien même ils n’auraient pas eu de règlement écrit. « La rédaction des statuts, premier indice que nous ayons de l’existence d’une corporation, » en est, en effet, « plus fréquemment le couronnement que le commencement. »

L’histoire des corporations romaines ne débute guère qu’avec l’année 1255, date où les membres de l’association des marchands de la Mercanzia s’assemblèrent méthodiquement dans l’église San Salvatore in Pensili et adoptèrent un règlement uniforme appelé à fortifier les attributions des consuls commerciaux. Une réforme, puis une seconde, s’imposèrent bientôt, de sorte que le texte actuel, qui porte approximativement la date de 1317, se trouve représenter la réunion de trois ordres de statuts, unis bout à bout plutôt que coordonnés ensemble. Cette hanse romaine se composait de treize arts, entre lesquels deux métiers occupaient une situation prépondérante, les bouviers, dont les nécessités de la culture de l’agro expliquent suffisamment l’importance, et les drapiers, qui représentaient « l’élite de l’industrie romaine. » Les autres arts prenaient le mot d’ordre de ces deux puissantes associations. Cependant, comme l’explique exactement M. Rodocanachi, les membres de la Mercanzia représentaient de trop disparates intérêts pour que ce factice faisceau ne se détachât pas promptement. Les merciers, diverses corporations agricoles, de commerce et d’échange opérèrent successivement leurs scissions, qui sont suivies, au fur et à mesure, de celles de la plupart des corps de métier. On vient de voir vers quelles époques on peut