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tageuses qui lui furent faites et resta, par point d’honneur, au service de l’Espagne. Créé comte de la Fère par Philippe II (12 janvier 1595), il soutint contre l’armée française un long siège, à la suite duquel il obtint une capitulation des plus honorables. Il se retira alors auprès de l’archiduc Albert, son protecteur, et c’est à ses côtés qu’il fut blessé mortellement à la bataille de Nieuport, qui précéda l’investissement d’Ostende (2 juillet 1600).

Le livre de M. Colas de la Noue, que complètent de nombreux documents inédits tirés des archives de la Drôme et de divers dépôts étrangers, est un chapitre curieux de l’histoire militaire et religieuse du XVIe siècle. Je ne sais s’il ne tourne pas un peu trop à l’apologie. La raison en est sans doute qu’il était nécessaire de venger Jacques Colas des allégations malveillantes de l’historien de Thou, qui, s’étant trouvé en compétition avec lui à l’Université de Valence, lui gardait rancune. Il a été plus d’une fois injuste pour un homme qui eut au moins le mérite de rester obstinément fidèle à une cause perdue et dont la conduite ne manqua ni de courage, ni, semble-t-il, de désintéressement.


R. Delachenal.


L’Ambassade de France en Angleterre sous Henri IV. Mission de Christophe de Harlay, comte de Beaumont (1602-1605), par P. Laffleur de Kermaingant. Paris, Didot, 1895. 2 vol. in-8o, LXXVI-334 et 350 pages.


M. de Kermaingant continue ses belles études sur la diplomatie de Henri IV en Angleterre, qu’il avait commencées par la mission de Jean de Thumery[1]. Il nous offre aujourd’hui la relation très détaillée de celle de son successeur, Christophe de Harlay, comte de Beaumont. Ce nouvel ouvrage débute par un chapitre sur la famille de Harlay, dont M. de Kermaingant refait et redresse l’histoire généalogique, grâce aux documents que lui ont fournis les archives de M. le comte A. d’Hunolstein. Puis l’auteur pénètre dans le détail des négociations entre l’Angleterre et la France pendant la période de 1602 à 1605, qu’il expose avec infiniment d’intelligence et une connaissance de l’Europe occidentale au commencement du XVIIe siècle aussi solide qu’étendue ; il est notamment fort bien renseigné sur la politique espagnole, si mêlée à la nôtre et à celle de l’Angleterre à cette époque. En fait de sources d’information, M. de Kermaingant a surtout eu recours aux documents conservés au Record Office et aux correspondances recueillies dans les volumes du fonds français de notre Bibliothèque nationale ; mais il n’a pas négligé la littérature historique déjà imprimée, qui est, comme on le sait, considérable.

  1. Paris, 1886, 2 vol. in-8o.