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voudrait le testament. Pour cette double raison, il n’est pas ici question de lui. Le second est le célèbre bâtard d’Orléans. Ce n’est pas la date de sa naissance qui nous permet de l’écarter ; cette date, nous l’ignorons[1]. C’est son nom même. Le duc son père, en parlant de lui, aurait dit, dans le langage du temps, Jehan le bastard, et non pas « Jehan, » tout court. Les enfants illégitimes avaient beau être tolérés par la mode[2], le bâtard d’Orléans, en particulier, eut beau être accueilli dans sa famille paternelle et traité comme un fils par Valentine[3], l’usage n’était pas moins constant : ils avaient, dans leur nom, comme dans leur écu que rayait une barre, un signe certain qui rappelait toujours la qualité de leur origine.

Des trois fils de Louis de France qui reçurent le nom de Jean, les deux premiers étant exclus, reste le troisième, l’aïeul de François Ier. Il était le puîné de Charles et de Philippe[4], comme l’exige notre texte. Il reçut les comtés d’Angoulême et de Périgord que lui assigne le duc. À moins de supposer, ce que les chroniques ni les documents ne disent nulle part, l’existence d’un quatrième fils du nom de Jean qui serait mort avant le 24 juin 1404, force est bien de croire que la clause testamentaire citée plus haut se réfère au comte d’Angoulême. Et, comme nous devons préférer au texte suspect de J. du Port le testament dont l’exactitude et l’authenticité ne sont pas douteuses, il ressort clairement que Jean d’Angoulême vivait déjà le 19 octobre 1403.

Nous pouvons préciser davantage. Durant les quatre années qui précèdent ce jour, nous retrouvons le jeune prince dans les comptes ou dans d’autres documents bien datés : le 7 avril 1403 (n. st.), son père fait payer pour lui le prix d’une houppelande[5] ; le 10 décembre 1402, on nous mentionne les femmes de chambre qui le soignent[6] ; il chausse alors une paire de hautes bottes et revêt un manteau d’écarlate[7] ; le 30 octobre 1402, on lui fait

  1. Celle du 23 novembre 1402 n’est pas sûre. On préfère généralement 1403 ou 1404 (cf. Jarry, op. cit., p. 295, n. 2).
  2. Voir à ce sujet Vallet de Viriville, Hist. de Charles VII, t. III, p. 7-8.
  3. Jarry, op. cit., p. 357.
  4. Dans tous les actes originaux où son nom se trouve, ainsi que celui de ses frères, il est énuméré le troisième, après Charles et Philippe (cf. infra).
  5. British Museum, Addit. Chart., 2384. Joursanvault, lot 617.
  6. Ibid., 2401. Joursanvault, lot 3540.
  7. Ibid.