sont pas les procédés, il faut le dire, envahissants de Philippe le Bel qui ont armé le comte Gui de Flandre contre son suzerain. Ce comte, s’il était très vaniteux, paraît avoir été assez peu intelligent. Incapable de comprendre la gravité de la situation sociale de la Flandre, où des milliers d’ouvriers, étouffant dans les formes trop étroites du régime féodal, vivaient avec le besoin intense d’une organisation sociale nouvelle (p. 41), Gui de Dampierre se laissa circonvenir par les flatteries du roi d’Angleterre. M. F.-B. attribue la révolte ouverte du comte de Flandre contre le roi de France à l’influence détestable d’Édouard Ier sur Gui de Dampierre. Mais la lutte était inévitable, parce que « la Flandre était comprise à son tour dans le mouvement d’assimilation qui fut la mission de la royauté formant l’unité de la nation française » (p. 128).
Abandonné par le roi d’Angleterre, après avoir été poussé par lui contre Philippe le Bel, Gui de Dampierre vaincu se remet entre les mains du roi, qui administre directement le comté de Flandre. Philippe le Bel se heurte, dans ce gouvernement, aux mêmes obstacles que Gui de Dampierre, et la lutte de la plèbe contre le patriciat, maladroitement soutenu par Jacques de Châtillon, gouverneur insuffisant de la Flandre pour le roi, amène le massacre des Français à Bruges en mai 1302, suivi de leur défaite à Courtrai, le 11 juillet de la même année, et de leur revanche à Mons-en-Peuèle, le 18 août 1304. Tels sont les événements qui sont racontés dans le troisième livre, sous ce titre : « Les Métiers de Bruges. » — Le quatrième livre s’appelle : « Le Traité d’Athis. » M. F.-B. y examine ce fameux « traité d’iniquité de l’an cinq, » comme on l’a parfois nommé, conséquence de la victoire définitive du roi sur les Flamands, et les innombrables difficultés auxquelles son application a donné lieu. — L’une d’elles se terminera par le célèbre transport de Flandre, autrement dit par la renonciation du roi à une partie de l’indemnité de guerre qui lui était due en vertu du traité d’Athis contre l’abandon à Philippe le Bel par le comte de Flandre, qui était alors Robert de Béthune, des châtellenies de Béthune, Lille et Douai. « Le transport de Flandre, » opéré par le traité de Pontoise, du 11 juillet 1312, fait l’objet du livre cinquième de Philippe le Bel en Flandre.
Bien que la « conclusion » soit la partie que je goûte le moins dans le beau livre de notre confrère, je partage cependant presque toutes les opinions qu’une étude approfondie et sincère du rôle joué par Philippe IV en Flandre l’a déterminé à omettre. J’estime comme lui que Philippe le Bel, dans ses rapports avec la Flandre, a été loyal, qu’il ne s’est montré ni rapace ni cruel et qu’il s’est borné à châtier d’abord un vassal en révolte contre son suzerain, puis un acte de trahison odieux, ces autres Vêpres siciliennes qui portent dans l’histoire le nom sinistre de Matines bourgeoises. Avec notre confrère, je déplore que Philippe