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terne et ung falot dedans, qui de nuyt enluminoit tous ceulx de la nave. »

Au début du xve siècle, la boussole fait une timide apparition dans les mers du Ponant. Du moins, je crois la découvrir dans l’inventaire du baleinier anglais Gabriel de la Tour, sous la forme « boxe, » où elle se cache près de deux autres instruments nautiques, un « dyoll » et un « compasse. » Un autre vaisseau royal, le Christophe, en 1417, a « iii compas[1], » et ce sera le mot adopté désormais, au détriment du terme napolitain, par les marins de l’océan. Le compas, nous l’avons vu, servait à mesurer sur la carte marine les distances[2] ; il désigna, par analogie, la boussole, où la rose des vents mesurait l’angle fait par la marche du navire avec le pôle.

Le premier « compas de nuit claire » que je connaisse, « avec les noms et ryns des vens, » fut dressé le 31 mai 1483, à Saint-Gilles-sur-Vic, par un Portugais acclimaté ou naturalisé en France, Pierre Garcie-Ferrande. Observons, toutefois, que la rose des vents n’a que 24 rumbs au lieu de 32[3].

Le compas était alors d’un usage courant sur nos côtes. La nave de guerre, que le duc de Bourgogne Philippe le Bon envoyait au secours des Hospitaliers, à Rhodes, embarquait au port de l’Écluse, en Flandre, « plusieurs compaes, aguilles et oirloges de mer[4]. »

L’horloge de mer, voici un nouvel instrument que les marins anglais employaient dès le xive siècle[5]. C’était un petit sablier, — il y en avait plusieurs à bord, — « compassant heure ou demie[6]. » Il donnait l’heure du lieu de départ. La déclinaison des

  1. Nicolas, History of the Royal Navy, II, 444, 476.
  2. C’est dans cette acception que le mot compas est pris dans la Practica della mercatura, composée en 1442 par Uzzano. Le « Compasso a mostrare a navicare dall’ uno stretto all’ altro, » intercalé dans l’ouvrage d’Uzzano, est un livre de loch pour la Méditerranée.
  3. Dugast-Malifeux, Notice sur Pierre Garcie-Ferrande et son routier de la mer, dans les Annales de la Société académique de Nantes, t. XXXVIII (1867), p. 20.
  4. Achats faits par le nocher de la nave, Pantalion. L’Écluse, 3 juin 1441. (Bibl. nat., Pièces orig., vol. 2830, doss. Thoisy 62887, p. 2.)
  5. En 1345, la nef royale d’Angleterre la George a douze horloges de verre achetées à l’Écluse. (Nicolas, ouvr. cit., II, 180, 476.)
  6. Dugast-Matifeux, ouvr. cit.