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CONCERNANT L’HISTOIRE DE LA GAULE.

dépassa pas alors la rive gauche du Rhône et de la Saône. Les Burgundes, établis en Savoie en 443[1], ne sont parvenus que par des développements successifs à s’emparer du vaste territoire où nous les trouvons établis au vie siècle et même dès la fin du ve.

À quelle date les Burgundes devinrent-ils maîtres de Lyon ? C’est ce que l’on ne peut déterminer avec rigueur. C’est en 461 au plus tôt, c’est-à-dire à la mort de Majorien. Mais à quelle date peut-on reculer cette conquête ? C’est douteux. Ce qui paraît le plus vraisemblable, c’est qu’en 473, Lyon est devenu la capitale du roi Hilpéric II, un des quatre fils du roi Gundioc[2], qui, se partageant le royaume burgunde, en firent une tétrarchie. Dans deux lettres, écrites en 474 et insérées sous les numéros 6 et 7 au livre V de ses Épîtres, Sidoine Apollinaire parle de Hilpéric ; il le fait dans la première en termes exprès, il informe son correspondant d’une dénonciation secrète adressée magistro militum Chilperico, victoriosissimo viro, contre un certain Thaumastus, frère du destinataire[3]. Dans l’autre lettre, adressée à ce même Thaumastus, et où Sidoine expose les plaintes de la Gaule opprimée même par les barbares les plus doux, inter clementiores barbaros Gallia gemit[4], il revient sur le sujet, traité dans la lettre précédente, c’est-à-dire sur les dénonciations faites à Hilpéric, qu’il désigne alors par deux expressions différentes : 1o « notre tétrarque, » tetrarcham nostrum[5], allusion à la divi-

  1. « XX. Sapaudia Burgundionum reliquiis datur, cura indigenis dividenda. » Chronica gallica anni 451, Mommsen, Chronica minora, I, 663 ; D. Bouquet, I, 639 c ; Migne, Patrologia latina, LI, 865 c. Les mots Burgundionum reliquiis datur s’expliquent par un passage de la même chronique, où quelques lignes plus haut, sous la date de 436, on lit : Bellum contra Burgundionum gentem memorabile exarsit, quo universa pæne gens cum rege per Aetium deleta. Sur la chronique dont ces passages sont extraits, voir Potthast, Bibliotheca historica medii ævi, 2e éd., t. I, p. 271. Cf. Prosper, A. D. 435, Mommsen, Chronica minora, I, 475.
  2. M. Binding, Das burgundish-romanische Kœnigreich, p. 58, a émis l’hypothèse que la capitale de Gundioc aurait été Ambérieux, qui resta théoriquement capitale au vie siècle, puisque deux lois burgundes en sont datées. La capitale du roi Hilpéric Ier, frère de Gundioc, était Genève.
  3. Éd. Krusch, p. 81, l. 19, 20. Thaumastus et son frère étaient accusés de reconnaître empereur d’Occident Nepos, qui venait de détrôner Glycerius, pour lequel les Burgundes tenaient toujours.
  4. Éd. Krusch, p. 82, l. 5.
  5. Ibid., p. 82, l. 2.