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Page:Bibliothèque de l’École des chartes - 1900 - tome 61.djvu/268

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Par mesure de prudence, les quatre envoyés eurent soin de ne pas faire route tous ensemble ; ils se partagèrent en deux groupes et ne se réunirent qu’au moment d’entrer en Flandre. Gautier de Bintree, le valet du duc de Lancastre, qui paraît être parti d’Évreux en même temps qu’eux, prit alors les devants de façon à arriver le premier à Bruges[1]. Le chancelier et Fricamps étaient porteurs de lettres adressées par leur maître au comte et à la comtesse de Flandre ; dans l’une de ces lettres, il était question d’une somme d’argent à emprunter, et des joyaux avaient été remis à P. de la Tannerie et à Jean de Bantelu pour servir de gage à l’emprunt.

La députation navarraise fut reçue très courtoisement par le duc de Lancastre. Bien qu’il se disposât à rejoindre l’armée du comte de Savoie, alors en guerre avec le dauphin, il offrait de renoncer à cette nouvelle chevauchée pour accompagner le chancelier de Navarre en Angleterre et le présenter lui-même à Édouard III. Il proposa simplement à Fricamps d’entrer au service des Anglais, lui disant qu’il pourrait devenir aussi bon Anglais qu’il avait été bon Français. Cette ouverture aurait été repoussée avec indignation. Le duc s’entretint ensuite secrètement avec le chancelier, dans l’embrasure d’une fenêtre ; mais personne ne put surprendre un mot de leur conversation. En somme, bien que Lancastre eût les pouvoirs nécessaires pour traiter, rien ne fut conclu à Bruges. Pour des raisons que l’on soupçonne et que la suite des événements fera mieux comprendre, le chancelier de Navarre n’accepta pas de passer en Angleterre. En revenant de Bruges, il rapportait à son maître l’assurance formelle des bonnes dispositions du duc de Lancastre, prêt à le servir envers et contre tous, « excepté le roi d’Angleterre et le prince de Galles, son fils, » et l’offre d’un secours personnel de 200 hommes d’armes et de 500 archers[2]. Mais déjà il était aisé

    dans les lettres de Jean II, confirmatives du traité de Valognes, parmi les nombreux Navarrais auxquels le roi de France accorda son pardon. (24 sept. 1355. — Secousse, Recueil, p. 582.)

  1. Secousse, Recueil, p. 53. Le passage de l’interrogatoire qui concerne G. de Bintree n’est pas clair. Il en ressort seulement que le valet de Lancastre se sépara des envoyés navarrais au moment de pénétrer en Flandre.
  2. Secousse, Recueil, p. 54 : « … et aussi qu’il deist au Roy de Navarre que il li aideroit à iic hommes d’armes et vc archers, se il avoit besoing de li… » Je crois qu’il s’agit là d’un secours personnel, mais non d’un secours immédiat,