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Page:Bibliothèque de l’École des chartes - 1900 - tome 61.djvu/281

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II.
Évreux, 18 janvier 1354.
Lettre du roi de Navarre au duc de Lancastre.
(British Museum, Cotton., Caligula, D. III, no  68. — Copie du xive siècle.)


Très cher et très amé cousin. Je vous escriz nadgaires par mes lettres coment et pur queles causes j’ay fait mourir Charles d’Espaigne, jadiz connestable de Ffrance, et vous remenoie[1] par ycelles, sur amour, lignage et tout le bien que vous me povez voulir, qu’il vous plest venir tantost à Guynes ou à Caleis au plus efforcement de genz d’armes et archiers que vous purriez, pur estre tout prest de moi eider et secourir tantost qe je le vous ferreie savoir. Si veuillez savoir, très cher cousin, qe, depuis qe mon message qui vous portoit les dites lettres est parti de moi, le Roi a envoié devers moi certaines messagers savoir si je avoueroie le fait, et je l’ai avouée plainment, disant que je en ma personne y ai esté et li fait faire (sic), et ce est verité. Si ai sceu qe pur ce le Roi me veult trop de mal et m’entent à porter damage et si ai esté avisée par aucuns mes amis qe s’il me poet tenir, soit par voie de traictié ou autrement, il me courroucera du corps et des biens, et a dit qu’il me desheritera, et touz les miens. Mais, très cher cousin, je n’en pense à garder et deffendre de tout mon povoir et ai ferme entencion de soustenir en ce mon fait contre lui et touz autres qui pur ce voudr[o]ient entreprendre contre moi, si hautment et si avant qe mon honneur y serra sauf, à l’ayde de Dieu, de vous et mes autres bons amis, et meiment de vous qui estes l’un des principals par qui je voudroie plus gouverner corps et honneur. Pur quoi, très cher cousin, je vous prie et acertes come plus puis, et si vous en requier par lignage et sur l’amour et tout le bien que vous me povez onqes vouloir, ensi come autrefoiz ai fait, que hastivement, ces lettres veues, vous vous voiliez traire es ditz lieux de Guynes ou de Calais, et illoqes vous faire et tenir le plus fort de gentz d’armes et archiers qe vous pourriez onqes à fin de venir tantost en Normandie pur moi aider prestement et secourir, ou de faire guerre par delà, quant je le vous ferrai savoir, ou si tost qe

  1. Sic. Une erreur de transcription me paraît probable : remen[tev]oie, remen|br]oie ?