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Page:Bibliothèque de l’École des chartes - 1906 - tome 67.djvu/309

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peuple franco-canadien pour conquérir le droit à la vie, en dépit des mille obstacles que lui opposèrent, à la fois, l’inclémence des éléments, l’indifférence de la mère-patrie, l’hostilité des indigènes, enfin les guerres incessantes dont il fut le héros et la victime.

Écrit par un bon Français, ce livre est écrit en bon français, et l’éloge n’est pas si médiocre pour un livre d’érudition. Beaucoup d’autres thèses, — car ceci est une thèse de doctorat soutenue tout récemment devant la Faculté des lettres de l’Université de Paris, — furent peut-être tout aussi laborieusement préparées ; mais combien en est-il qui ne soient d’une lecture douloureuse à qui honore tant soit peu notre langue ?

Enfin, ce livre n’est pas, comme tant d’autres, une improvisation. C’est la moisson d’une vingtaine d’années de recherches et de voyages à travers les deux continents, à travers les livres, enfin et surtout à travers de nombreux dépôts d’archives du Canada et de la France, et tout particulièrement celui de notre ministère des Colonies, si longtemps inexploré, si riche cependant en matériaux de premier choix pour l’histoire de nos anciennes possessions d’outre-mer.

Si l’ouvrage de M. Salone est une thèse de doctorat, ce n’est pas un livre à thèse. C’est de l’histoire pure et simple, écrite par un homme épris de son sujet, mais impartial et judicieux, qui distribue le blâme et l’éloge avec indépendance, clairvoyance et fermeté. La meilleure preuve qu’on en puisse donner, c’est qu’à la Sorbonne, si on a pu lui reprocher l’indulgence avec laquelle, dans sa thèse complémentaire, il avait traité l’abbé Raynal comme historien du Canada, il a été impossible au jury de trouver quoi que ce soit à critiquer dans sa thèse principale. L’Histoire de la colonisation de la Nouvelle-France fait donc grand honneur à son auteur, à l’érudition française et aussi, par reflet, à l’École des chartes, de laquelle M. Salone ne saurait oublier qu’il est sorti, car chacune de ses pages en porte l’empreinte ineffaçable.


Eugène Welvert.


Alfred Leroux. De quelques améliorations possibles dans l’organisation et le fonctionnement des archives provinciales. Besançon, typogr. Jacquin, 1904. In-8o, 28 pages. (Extrait du Bibliographe moderne, nos 1-2, 1904.)


Dans cette brochure, notre savant confrère étudie les principaux aspects de la réorganisation des archives. Les « archives provinciales » seraient constituées au moyen d’une véritable centralisation des archives de toute sorte (départementales, communales, hospitalières, judiciaires, ecclésiastiques, notariales, etc.) d’une même région historique dans l’un des chefs-lieux de cette région. Les départements seraient classés en deux catégories, la première comprenant ceux qui possèdent les capitales d’anciennes provinces, la seconde, tous les autres départements.