MÉMOIRE
SUR LA CHRONOLOGIE
DES CHARTES DE HENRI II
ROI D’ANGLETERRE ET DUC DE NORMANDIE[1].
On est encore loin d’avoir tiré des documents diplomatiques du moyen âge toutes les informations que les historiens peuvent et doivent leur demander. Beaucoup ne sont pas encore connus, et ceux qui ont vu le jour n’ont pas toujours été imprimés avec le soin que réclament les progrès de la diplomatique, ni critiqués à l’aide d’observations comparatives, qui étaient jadis beaucoup plus difficiles qu’aujourd’hui. Aussi la collection de nos anciennes chartes, telle que l’Académie entend la publier et dont nous sommes à la veille de voir paraître les premiers volumes, est-elle appelée à rendre de grands services pour l’étude approfondie de l’histoire du moyen âge.
Les actes des souverains doivent occuper la première place dans le recueil ; mais les actes des grands feudataires ne méritent pas moins d’y être compris et traités avec le même soin et la même rigueur que les actes des rois. On ne saurait bien connaître et juger le gouvernement et l’administration de l’ancienne France sans faire entrer en ligne de compte l’état de grandes et riches provinces, dont les chefs, parfois aussi habiles que puissants, reconnaissaient à peine nominalement la suzeraineté du roi, et gouvernaient et administraient souverainement leurs domaines,
- ↑ Mémoire lu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres en août 1906.
