Page:Bibliothèque de l’École des chartes - 1921, 1922 - tome 82-83.djvu/862

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au contraire d’avis de ne pas différer. « Qui a bon cœur à batailler trouve toujours le temps convenable », dit-il. Le roi, rempli de joie en entendant ces paroles, l’embrassa en s’écriant : « Qui m’aime me suive. » Le rassemblement fut alors fixé à Arras au dimanche après les octaves de la prochaine fête de la Madeleine, soit au 31 juillet[1].

Dès le 12 juin[2], Philippe VI demanda à l’archevêque de Reims, à l’abbé de Saint-Denis, aux évêques de Senlis, de Tournai et de Thérouanne de lancer contre les échevins, bourgmestres et habitants de Bruges, d’Ypres, de Cassel, de Dunkerque, de Bergues, de Courtrai, etc., et des autres villes qui faisaient cause commune avec eux, les sentences d’excommunication et d’interdit qu’ils étaient autorisés à fulminer d’abord à la suite du traité d’Athis-sur-Orge (1305)[3], puis par une bulle de Jean XXII du 6 avril 1327[4]. Pour justifier cette demande d’excommunication, Philippe VI n’invoquait pas seulement des désobéissances, comme le refus par les villes de Bruges et d’Ypres d’abattre leurs fortifications, de payer les sommes ou d’accomplir les pèlerinages auxquels elles avaient été condamnées, mais de véritables crimes, comme le massacre de plusieurs habitants de Bruges et d’Arden-

    Gaucher de Châtillon. Seigneur de Châtillon-sur-Marne et de Crécy, il fut créé connétable de France après la bataille de Courtrai en 1302, prit part aux batailles contre les Flamands de Mons-en-Pevelle en 1304 et de Cassel en 1328 et mourut à l’âge de quatre-vingts ans, en 1329 (P. Anselme, Hist. généal., t. VI, p. 90).

  1. Les Grandes Chroniques (t. V, p. 310) et le Continuateur de Guillaume de Nangis (t. II, p. 92) disent que le rendez-vous fut fixé à la fête de la Madeleine à Arras, soit au 22 juillet. La Chronographia regum Francorum (t. II, p. 2) se rapproche plus de la vérité en donnant la date de l’octave de la Madeleine. C’est une lettre adressée au sénéchal de Beaucaire le 18 juin 1328 qui fixe la date exacte à laquelle l’armée fut convoquée à Arras, « le dimanche après les octaves de la prochaine Magdalene » (Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. X, col. 674 et 675).
  2. Arch. nat., J 569, nos 1 bis, 1 ter et 5 bis. Les sentences d’excommunication furent fulminées contre les Flamands par l’abbé de Saint-Denis le 17 juin, par l’official de Tournai le 15 juillet, par celui de Thérouanne le 22 juillet, par l’évêque d’Arras le 25 juillet (Ibid., nos 2 et 2 bis, 3, 4 et 5).
  3. Funck-Brentano, les Origines de la guerre de Cent ans. Philippe le Bel en Flandre, p. 500.
  4. Gilliodts-Van Severen, Inventaire des archives de la ville de Bruges, t. I, p. 384-387. La bulle est mal datée dans cet ouvrage. Le 11 juillet 1328, le trésor versa déjà 96 l. p. à Pierre Barrière, évêque de Senlis, qui avait été envoyé dans le Tournaisis et le Cambrésis pour y publier les sentences d’excommunication et d’interdit contre les rebelles de Bruges et d’Ypres (J. Viard, Journaux du trésor de Philippe VI de Valois, no  46).