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LA BELLE MAGUELONNE.

Quant Maguelonne vit que sa nourrice ne vouloit point consentir a son plaisir se commença fort a donner tristesse, * car amour a laquelle nul noble cueur en jeunesse ne peut résister, l'avoit si fort blessé que

5 n'a voit plus puissance de soy et dit: „Helas, ma nourrice! Est cecy la leale amour que vous me portez de vouloir que je finisse ainsi ma vie misérablement par faute de secours? Helas! la médecine est si près et ne vous envoie pas si loin aller. N'ayez paour

10 de mon père ne de ma mère, ne de parent ne amy que j'aie. Mais si vous m'aimez, faites ce que je vous commande, ou si vous ne le faites vous me verrez mourir devant vous a douleur et a peine." Et en disant cecy se jeta sur une couchette toute pasmée

15 que a grant peine en put revenir. Et quant elle fut revenue elle dit: ,, Sachez, ma nourrice, que le cueur me dit qu'il est de grant noblesse et de grant lignage ; aussi ses condicions et manières le monsti'ent. Et pour ce il ne veut dire son nom a nully. Et croyez fer-

20 mement que si vous luy demandez de par moy il le vous dira."

Et lors la nourrisse, regardant le mal que la douce Maguelonne par force d'amour souffroit, l'alla conforter le mieux qu'elle pust et luy dit: „Madame, puisque

25 cecy est vostre volenté et plaisir, je mettray dili- gence de parler avec ce chevalier de par vous."

  • f. 124^.

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