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LA BELLE MAGUELONNE.

Lors Maguelonne dist a sa nourrice: „Je vous avoie tousjours dit, que mon cueur le *sentoit, dont me tiens fort bien heureuse, car dieu de sa grâce m'a fait venir a sa cognoissance et amour. Car au monde n'a si haute fille, si elle savoit seulement la moitié des biens 5 qui sont en luy, qui ne me le voulsist avoir osté."

Alors dit la nourrice: „Ma douce fille et ma noble dame, tout ce que vous dites est vray. Mais je vous veux prier d'une chose, c'est que force d'amour ne vous porte en legiere volenté que quant vous serez 10 a la court avec les autres dames et damoiselles, et par aventure Pierre y sera, que vous ne luy faciez nul semblant. Car par aventure vostre père et vostre mère ou quelque seigneur s'en aviseroit, par quoy s'en pourroit ensuivre deux dommages grans. L'un si 15 est que vous pourrez estre mise a vergogne et per- driez l'amour du roy et de la royne. Et le second point que s'ils s'en prenoient garde vous serez cause de faire destruire et mourir iceluy tant noble et tant beau chevalier Pierre qui vous aime mieux que soy 20 mesmes. Et moy qui seroie la plus punie de tous. Pourquoy je vous supplie que vous veuillez sagement contenir comme a noble fille appartient."

„ Certes, ma chère nourrice", dit Maguelonne, „en cecy et en tous mes faits je me veux gourverner par 25 vostre bon et sage conseil, car je cognois bien que vous me conseillez mon honneur et profit. Et vous

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