Page:Bignon - Du chloral hydraté.djvu/14

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MM. Gubler et Demarquay le niaient fortement et refusaient une action anesthésique à l’hydrate de chloral.

M. Demarquay ayant injecté dans le tissu cellulaire du lapin, depuis 0,20 jusqu’à 2 grammes d’hydrate de chloral, observa que, quinze ou vingt minutes après, tous les animaux étaient tombés dans une résolution complète, comme s’ils étaient profondément endormis.

Si l’on observe attentivement les animaux ainsi endormis, on constate que les muqueuses sont injectées, les oreilles se vascularisent d’une façon remarquable, la sensibilité est fortement exaltée, le pincement sur une partie quelconque du corps détermine des mouvements et même des plaintes. Les battements du cœur sont si fréquents qu’il est impossible de les compter ; la respiration est aussi calme que pendant le sommeil normal. Si l’on sent l’haleine, on lui trouve l’odeur caractéristique du chloral, ce qui permet de supposer qu’il ne se décompose pas tout entier dans l’économie. Si on ouvre les animaux tout vivants, on constate une congestion des vaisseaux de l’abdomen. Le cerveau, le cervelet, la moëlle épinière sont fortement injectés ; les muscles sont si vascularisés qu’ils sont rutilants.

En présence de tels résultats, M. Demarquay croit pouvoir conclure que l’hydrate de chloral : 1o n’est pas anesthésique ; 2o ne se dédouble pas et s’élimine en nature par les voies respiratoires. C’est outrepasser les résultats de ses expériences. Il eut été plus exact de dire que l’hydrate de chloral produit de l’excitation et que l’air expiré est empreint de son odeur, ce qui indique qu’il s’en échappe par cette voie. On ne préjuge rien, ainsi. De plus, ces conclusions sont compatibles avec l’anesthésie : on sait que les anesthésiques agissent au début par une action exci-