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Page:Billard de Veaux - Bréviaire du Vendéen à l’usage des habitants de l’ouest, tome 1, 1840.djvu/145

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Vous leur rendriez plus de justice, et vous serviriez mieux vos maîtres.

À son passage dans la Mayenne, l’armée Vendéenne était approximativement évaluée à deux cent mille âmes, combattants ou bouches inutiles ; ces dernières étaient portées à cent vingt mille hommes, non compris quatre mille ecclésiastiques ; restait donc soixante-seize mille hommes portant les armes ou en état de les porter. Je ne crois pas être dans l’erreur en affirmant ici que, dans les affaires les plus sérieuse où je me suis trouvé, il n’y en avait pas la moitié d’engagés, beaucoup étant obligés de rester près des leurs pour soigner les malades, les blessés, pourvoir à leur subsistance, à celle de leurs enfants, et porter ces derniers sur des routes impraticables, défoncées par la cavalerie et le matériel des deux partis, indépendamment des coupures et des fréquents abattis d’arbres de toutes espèces, pour embarrasser les chemins. Il n’était pas rare de voir un malheureux père, en sabots, porter deux enfants à la fois sur ses bras et sur son dos. Comment se battre avec un tel fardeau ? Comment faire le service avec de telles charges ? Il fallait les tuer, m’a dit une fois quelqu’un d’un beau nom, que je m’abstiens de nommer : c’était un franc royaliste, mais il n’était pas père.