Page:Billaud - Frissons, 1874.djvu/17

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C’était en juin. — Oh ! dis, le souvient-il, ma belle,
De cette heureuse nuit… Le calme d’alentour,
Ton sein, qui palpitait sous la fine dentelle,
Tes grands yeux expressifs versaient des flots d’amour.


J’ai toujours sur le cœur la relique trompeuse
Dont tu me fis hommage en cet heureux moment,
C’est un cher souvenir, une boucle soyeuse
De beaux cheveux châtains, gage de ton serment.


Alors nous croyions notre flamme éternelle,
Nous osions l’avouer sans chercher de détour,
Tes propos enchanteurs me troublaient la cervelle
Et me faisaient haïr le moment du retour.


Nous caressions gaîment quelque folle chimère,
Nos intimes pensers, nos rêves de bonheur,
Nous étions expansifs, quand la voix de ta mère
Prononça le doux nom qui commande à mon cœur.


Il fallut terminer cette féerique antienne :
Tu me tendis la main pour y prendre un baiser,
J’appuyai tendrement ma bouche sur la tienne,
Le bonheur, disais-tu, c’est de savoir oser.