Aller au contenu

Page:Binet - Introduction à la psychologie expérimentale.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE

d’expériences, par exemple, on mesurera le temps nécessaire pour apprendre une série de lettres vues, et dans une seconde série d’expériences, on fera la même mesure pour des lettres entendues. Tout récemment M. Münsterberg a publié des résultats obtenus par ce procédé. Il a constaté que lorsque les deux mémoires agissent simultanément, pour des lettres différentes, elles se nuisent ; que lorsqu’elles sont isolées, la mémoire visuelle dépasse l’autre ; que lorsqu’elles agissent simultanément pour un même objet, le résultat est meilleur que par l’action isolée d’une seule[1].

Durée des souvenirs. — La question de durée est importante dans toute étude sur la mémoire. On sait qu’à mesure que le temps s’écoule, nous avons plus de peine à nous rappeler les événements anciens. Chacun peut en faire l’épreuve sur lui-même, en cherchant à se rappeler l’emploi de ses journées antérieures, le menu de ses repas, les variations de la température, etc. ; en général, à moins de circonstances exceptionnelles qui ont frappé l’attention, les premiers genres de souvenirs ne remontent pas au delà de trois à six jours. Ceci nous montre que les souvenirs de la vie quotidienne n’ont pas une disparition brusque, mais graduelle.

Il est facile d’introduire l’élément de la durée dans les expériences régulières sur la mémoire. On peut tout d’abord faire varier l’intervalle qui s’écoule entre

  1. Psych. Review, New-York, janv. 94, p. 34.