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LES SENSATIONS, LES PERCEPTIONS, L’ATTENTION

au sujet aucun examen de conscience, et on l’empêche de porter une attention soutenue sur les phénomènes internes qui peuvent se produire en lui. On le réduit au rôle d’un automate. Au bout d’une demi-heure, quand on pense que le sujet est fatigué, on suspend l’expérience jusqu’au jour suivant. Le sujet se retire sans échanger le plus souvent le moindre commentaire avec l’expérimentateur. On obtient de la sorte des études et des traités qui contiennent beaucoup de plans d’appareils, beaucoup de tables et de chiffres, et très peu de renseignements sur le détail des états de conscience et sur l’observation du sujet.

Si les psychologues étrangers ont adopté depuis longtemps cette méthode, qui date probablement de Fechner, c’est parce qu’ils ont voulu recueillir avant tout des résultats simples et précis, avec l’arrière-pensée de les soumettre au calcul. La simplicité est en effet obtenue et en quelque sorte imposée par cette méthode. Si par exemple dans les expériences sur le sens du temps, au lieu de poser d’avance les trois réponses possibles du sujet, on lui laissait la liberté d’exprimer ce qu’il ressent, verbalement ou par écrit, on provoquerait à coup sûr une très grande variété de réponses ; ces réponses, on ne pourrait pas aussi facilement les classer, les manier, en extraire des moyennes, et en définitive établir des formules mathématiques.

En somme, les expérimentateurs étrangers semblent souvent prévoir d’avance les résultats des