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LES MOUVEMENTS

ment qu’on peut les provoquer chez les sujets normaux de la manière suivante : on prend la main du sujet, on lui fait tenir un crayon, puis on cache la main derrière un écran ; on prie le sujet de s’abandonner, de ne faire aucun effort avec la main ; ce qui vaut mieux, on occupe son esprit par une lecture ou une conversation avec un tiers ; pendant ce temps, on conduit sa main, on lui fait écrire certains mots, on éveille ainsi l’inconscient avec de la patience, beaucoup de patience — il faut plusieurs jours d’essais parfois infructueux — on arrive à faire écrire spontanément à la main certains mots, et même à développer des phénomènes inconscients d’une certaine importance. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que les expériences de ce genre doivent être faites avec tact et modération[1].

Dans certaines expériences de psychologie, nous avons substitué au crayon et à la plume un appareil un peu plus compliqué, qui nous a donné, outre la forme du mouvement, sa durée exacte. Cet appareil, c’est la plume électrique[2]

Elle se compose, au point de vue qui nous intéresse ici, d’une aiguille animée par des courants d’un mouvement de va-et-vient vertical d’une extrême rapidité (10.000 pulsations en moyenne par minute). Cette aiguille est enfermée dans un petit cylindre de métal, que l’on tient comme un porte-plume. On en

  1. A. Binet, Altérations de la personnalité.
  2. Étude sur la vitesse des mouvements graphiques, par A. Binet et Courtier. Bulletin du laboratoire, 1894.