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Page:Binet - Introduction à la psychologie expérimentale.djvu/86

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maladies nerveuses, l’hystérie et des états mentaux équivalents, on rencontre parfois des altérations importantes de la mémoire, qui se révèlent au premier examen psychologique ; interrogé sur son existence passée, le malade raconte avec des détails minutieux — que ses parents confirment — certaines périodes de son existence, et il perd complètement le souvenir d’autres périodes ; ces dernières comprendront parfois un grand nombre d’années, auxquelles le malade est incapable de rattacher le moindre souvenir[1].

Dans tous les cas de ce genre, le symptôme est si gros qu’on en reconnaît l’existence sans être obligé de recourir à une expérience méthodique. Une simple conversation suffit.

En dehors de la pathologie, il existe un assez grand nombre de circonstances qui permettent de mesurer la mémoire spontanée des personnes normales ; et on s’étonnera que les psychologues se soient bornés jusqu’ici à étudier la mémoire volontaire et quelque peu artificielle des sensations simples, sans se préoccuper de la mémoire spontanée et concrète. C’était aborder la question par le petit côté, et sacrifier outre mesure à ce désir de précision, qui conduit parfois à d’étranges erreurs. Il est, disons-nous, bien des circonstances qui se

  1. Ribot, Les Maladies de la mémoire, p. 60, Paris, F. Alcan. — A. Binet, Les Altérations de la personnalité, ch. i et seq. ; Sollier, Les Troubles de la mémoire, p. 109 et seq. Consulter aussi Azam, Janet, etc.