Page:Binet - L’étude expérimentale de l’intelligence.djvu/127

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ni la troubler ni la compliquer. Ce sont les irrégularités qu’il faudrait expliquer, et non la régularité. Ajoutons, pour ceux qui craindraient de la suggestion, que la forme de l’expérience ne conduisait pas à ce résultat, nous ne nous doutions pas de ce résultat, et c’est bien longtemps après avoir terminé l’expérience que nous avons constaté l’existence chez Marguerite d’un effacement des images, si rigoureusement en fonction du temps. Remarquons aussi que, chez elle, les images fictives sont plus faibles que les images de souvenir.

Étudions maintenant la vivacité de l’idéation d’Armande. Nous ne trouvons pas dans son imagerie une relation constante entre l’intensité des images et leur date de souvenir, soit que ce rapport soit, objectivement, moins marqué et moins constant chez Armande, soit que celle-ci le juge moins exactement. J’ai essayé de retrouver dans ses réponses les trois catégories que j’avais établies dans les réponses de Marguerite, en me guidant d’après les cotes des images. La première catégorie, on s’en souvient, est celle des souvenirs tout à fait récents ; la seconde, celle des souvenirs un peu plus anciens ; la troisième, celle des souvenirs de lecture et de récit, et des images fictives et abstraites. Je ne trouve point chez Armande qu’il existe une différence bien nette entre les trois catégories ; la date du souvenir n’influe pas sur la vivacité de son image. Voici les chiffres des cotes :

1re Catégorie. Souvenirs récents. 2.6.7.4.5.5.8.12.7.

2e Catégorie. Souvenirs non récents. 4.1.5.5.0.8.3.9.9. 2.4.10.10.6.

3e Catégorie. Souvenirs de lecture, de récit, images abstraites, images fictives. 3.2.1.4.4.

Je vais citer quelques exemples. Voici des images de la 1re catégorie, des souvenirs tout récents et familiers. « M.M ? (un voisin que nous voyons très souvent) — R. 2. Je me le suis représenté en plusieurs tableaux successifs,