d’Armande est plus archaïque ; elle comprend 2 souvenirs de 8 jours, un souvenir de quinze jours, 3 souvenirs de 7 à 8 mois, 1 souvenir de plus d’un an, 2 souvenirs de plus de deux ans, et enfin un souvenir de 4 ans. Même différence dans la série écrite le 5 avril 1901 ; celle de Marguerite se réfère tout entière à de menus incidents de la journée de la veille, tandis que celle d’Armande contient un seul souvenir de la veille, les autres datent de 8 mois, 1 an, 2 ans, 3 ans, et même 5 ans.
Je vais donner, comme exemple, les deux séries écrites en août 1901. Je fais suivre chaque souvenir de sa date. La date n’est pas écrite par le sujet, mais par moi ; pour plus de prudence, je ne l’ai pas écrite sous les yeux du sujet ; je ne voulais pas exciter son attention sur ce point et lui montrer que j’y attachais quelque importance. Voici les souvenirs évoqués par Marguerite :
- Notre retour hier à bicyclette.
- La photographie avec A… (hier).
- M… sur son canapé (hier).
- Gyp tondu (à M… il y a 2 mois).
- Quand nous sommes tombées Camille et moi (il y a 8 jours).
- Le pont de F… le jour de la fête de Valvin (il y a 15 jours).
- La place de S… avec ses baraques (hier).
- Le Château de F… avec M. J… (il y a 8 jours).
- L’encrier que j’ai renversé (il y a 15 jours).
Comme cette expérience était la dernière que j’avais l’intention de faire, j’ai attiré l’attention de Marguerite sur la date toujours récente des souvenirs qu’elle avait évoqués ; je lui ai demandé pourquoi elle n’avait pas écrit des souvenirs plus anciens. Voici du reste, textuellement, le dialogue échangé ; je supprime seulement quelques mots inutiles.
D. Je remarque que ce sont tous des souvenirs récents. Pourquoi n’en as-tu pas éveillé de plus anciens ? — R. Je n’y ai pas pensé. — D. Avais-tu remarqué que c’étaient