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ET CRITIQUE

l’Italie, il est également muet sur le voyage que Binet lui fait faire au delà des Alpes en 1541-42 ; voir par ex. les pièces écrites en 1559 à l’occasion du départ de sa protectrice la princesse Marguerite, mariée au duc de Savoie (Bl., III, 338 : IV, 71).

P. 7, l. 17. — à la mort. Sources : 1° La suite de l’autobiographie :

Mais las, à mon retour [d’Allemagne] une âpre maladie
Par ne scay quel destin me vint boucher l’ouïe
Et dure m’accabla d’assommement si lourd
Qu’encores aujourd’huy j’en reste demy-sourd.

2° J. Velliard : « Dum vero ita Nomadum more viveret, præ nimia corporis et animi contentione in tertianam incidit, ex qua non ita convaluit quin surdaster esse perseveraverit » (op. cit., f° 6 v°). 3° G. Critton (il vient de parler du naufrage sur les côtes d’Ecosse) : « Surditatem quidem ex ventorum tumultuosè spirantium fragore et undarum assiduo fremitu perpetuam contraxit, quam primò levem mox gravem insecuta febris vehementius etiam auxit » (op. cit., p. 5). 4° Dorat, dans le Tombeau de Ronsard (Bl., VIII, 237) :

Germanos, Scotos adiit ducente Baïfi
Lazare te juvenis, surdus et inde redit.

Aux causes de la maladie que donnent Velliard et Critton, Binet ajoute l’usage des vins « souffrez et mixtionnez » d’Allemagne, et les « peines de la guerre ». Cependant Ronsard dut se trouver à très bonnes tables durant son séjour en Alsace, et d’autre part on ne voit pas de quelle guerre il aurait eu à souffrir. Sur les causes plus vraisemblables et la nature probable de sa demi-surdité, voir ma Jeunesse de Ronsard, Rev. de la Renaiss. de mars 1902, pp. 149 et suiv.) et un article de M. Menier paru dans les Archives d’Otologie, n° de février 1906, pp. 211 et suiv. Ces deux études écartent l’hypothèse d’une affection syphilitique et concluent à une otite chronique d’origine arthritique. Relevons seulement, en les datant, quelques autres vers de Ronsard sur son infirmité :

Bl., I, 399 Vous me responderez (sic) qu’il est un peu sourdaut
Et que c’est déplaisir en amour parler haut (1555).
III, 356 Puis on ne voit jamais ce poëte à la Court :
Il faut qu’il se presente, encore qu’il soit sourd (1561).
VII, 103 Tesmoin est Du Bellay comme moy demy-sourd
Dont l’honneur merité par tout le monde court (1563).
VI, 88 Je suis, pour suivre à la trace la Court,
Trop maladif, trop paresseux et sourd (1571).
II, 377 Pour ne voir plus rien je veux perdre les yeux
Comme j’ay l’ouïr (1578).


Enfin R. Belleau fait dire à Perrot dans une églogue de sa Bergerie :

J’ai l’oreille un peu sourde, haussez un peu la voix (éd, M.-L., I, 298),


et Brantôme s’honore d’être « demi-sourd comme Ronsard » (éd. Lalanne, tome X, p. 395).

P.7, l. 17. — divin Homere. La comparaison entre la surdité de Ronsard et la cécité d’Homère était courante parmi les admirateurs de