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COMMENTAIRE HISTORIQUE

P. 14, l. 35. — en son amie. Cette ode A Jacques Peletier, Des beautez qu’il voudroit en s’Amie, fut, non pas composée, mais publiée la première de toutes dans les Œuvres Poëtiques de J. Peletier du Mans (privil. du 1er  septembre 1547). V. la réimpression que j’ai donnée du texte primitif dans la Rev. d’Hist. litt. 1902, pp. 37 à 40.

P. 14, l. 37. — en ce mesme temps. Pour la dernière partie de cette phrase, depuis : « et celle qu’il adresse à Jacques Peletier... », Binet a utilisé ce passage de la préface primitive des Quatre premiers livres des Odes (1550) : « Il est certain que telle Ode (l’ode A J. Peletier, dont Ronsard vient de parler) est imparfaite, pour n’estre mesurée, ne propre à la lire, ainsi que l’Ode le requiert, comme sont encore douze, ou treze, que j’ai mises en mon Bocage, sous autre nom que d’Odes, pour cette même raison, servans de tesmoignage par ce vice à leur antiquité. » (Bl. II, 10 ; texte rectifié par M.-L., II, 474.)

Sur la composition du premier Bocage de Ronsard, voir l’art. de H. Chamard sur l’Invention de l’Ode dans la Rev. d’Hist. litt., 1899, pp. 36 et suiv. ; l’un de mes articles de la même Revue, 1903, pp. 256 et suiv., et ma thèse sur Ronsard p. lyr., ch. i, p. 34. Sur l’expression ode « mesurée et propre à la lyre », et la loi de la régularité strophique intégrale, voir encore la troisième partie de cette thèse, surtout les pp. 652 à 685 et 708 à 710.

Il est facile de voir, en comparant pour tout ce passage les leçons de B et de C, que Binet n’a consulté l’édition princeps des Odes que pour sa 3e rédaction.

P. 15, l. 3. — avoit esté dedié. Sur les études de droit et la date du séjour de Du Bellay à l’Université de Poitiers, v. H. Chamard, J. du Bellay, pp. 26 à 36 ; L. Séché, Rev. de la Renaiss. de févr. 1901, pp. 77 et suiv. Il y arriva très probablement en octobre 1545, et y resta deux ans jusqu’à la fin de l’année scolaire de 1546-47. En tout cas il y résidait certainement en 1546 ; la preuve en est dans les faits suivants : Sc. de Sainte-Marthe dans ses Elogia raconte qu’une lutte poétique, jugée par Salmon Macrin, eut lieu à Poitiers entre Muret, Du Bellay et Pierre Fauveau (lib. I (1598), art. Petrus Fulvius, p. 43) ; or Muret enseignait au collège Sainte-Marthe de Poitiers en 1546, comme nous l’apprend son commentaire des Catilinaires, publié à Venise en 1556, et dès 1547 on le trouve à Bordeaux chargé d’un cours au collège de Guyenne (Dejob, thèse sur Marc-Ant. Muret, pp. 9 à 13).

P. 15, l. 5. — de Ronsard, et de Baïf. Cette affirmation, quelque peu tendancieuse, doit être bien interprétée. Évidemment, comme le dit Mlle  Evers (p. 143), l’unique pièce publiée par Du Bellay avant 1549, le dizain A la ville du Mans (à la fin des Œuvres Poëtiq. de J. Peletier) ne suffirait pas à fonder la critique de Binet. Mais, outre que la forme rythmique et le style de cette pièce sont bien « marotiques », tout porte à croire qu’avant de devenir le condisciple de Ronsard et de Baïf à Coqueret, Du Bellay a commencé par imiter Marot, sans prétendre encore au style élevé, métaphorique, périphrastique, enrichi de « vestiges de rare et antique érudition », qu’il a préconisé dans la Deffence. À Poitiers, en 1546, on le trouve rimant une épigramme amoureuse, et c’est vraisemblablement à cette date qu’il compose son Epitaphe de