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xiii
INTRODUCTION

D’où vient, diront aucuns, qu’ainsi des sa jeunesse
Il receut ce bonheur et tant noble caresse
Du Dieu Cyllenien ? ........

Enfin nous savons d’une part que Cl. Binet « deceda dans un age peu avancé »[1], d’autre part que, s’il vivait encore le 3 septembre 1599, il n’existait plus le 4 août 1600[2].

Je crois donc pouvoir affirmer qu’en janvier 1573, lors de la publication de son premier recueil de vers, Claude Binet n’avait pas plus de vingt ans.

Ceci posé, il devient plus facile de dater la première entrevue de Ronsard et de son biographe. Si l’on rapproche ce que le biographe en a dit des dates précédentes, elle aurait eu lieu aux environs de 1569. Il ne semble pas, remarquons-le, avoir gardé un souvenir très précis de l’âge qu’il avait lors de cette entrevue ; il dit vaguement qu’il n’avait pas encore « attainct l’age de quinze ou seize ans » ; et, dans l’incertitude, il s’est plutôt rajeuni, vraisemblablement. Cela nous permet de croire, avant toute autre considération, que la rencontre pourrait bien ne remonter qu’à 1570.

Or, Ronsard a passé les années 1568 et 1569 en son prieuré de St-Cosme, retenu par une longue maladie ; et ce n’est guère qu’après la paix de St-Germain entre catholiques et protestants (août 1570) qu’il revint à Paris. On le trouve en septembre à Conflans, chez Villeroy, et il est vraisemblable qu’il demeura à Paris toute la fin de l’année et une bonne partie de l’année suivante, non seulement parce qu’il élaborait alors une troisième édition collective de ses œuvres, mais parce qu’il eut à préparer de fin novembre 1570 à mars 1571, avec son maître Dorat et son secrétaire A. Jamin, la partie littéraire des fêtes auxquelles donnèrent lieu le récent mariage de Charles IX et d’Elisabeth d’Autriche, le sacre de la reine à Saint-Denis et les entrées solennelles des souverains dans leur ville capitale[3]. C’est, à mon avis, dans la deuxième moitié de 1570 que Ronsard reçut la visite du jeune Binet, lequel songeait aux fêtes qui

  1. Antoine Loisel, Mémoires des pays… de Beauvais et Beauvaisis, Paris, 1617. Cf. la note de La Monnoye dans la Biblioth. de La Croix du Maine, article Claude Binet.
  2. Il assistait le 3 septembre 1599 au baptême de sa fille Jeanne, dont le parrain était Jean de la Guesle. D’autre part, à la date du 4 août 1600, la ville de Riom expulsa du Palais royal (pour y loger le comte d’Auvergne) les enfants de feu Claude Binet, lequel y occupait les appartements de la reine mère en qualité de lieutenant général de la sénéchaussée.

    Je dois la connaissance de ces faits à M. Gaston Varenne, professeur au Lycée de Beauvais, qui prépare depuis plusieurs années une monographie de Cl. Binet. C’est encore lui qui m’a signalé les citations précédentes, tendant à prouver que Binet n’avait pas plus de vingt ans en 1573. Je suis heureux de le remercier ici de son obligeance.

  3. V. ma thèse sur Ronsard, pp. 231 à 238, et Annales Fléchoises de septembre 1906, pp. 261 et suiv. — Cf. Théod. Godefroy, Ceremonial françois, tome I, pp. 519 à 556 (il est question de Ronsard et Dorat à la p. 539, de Dorat encore à la p. 553) ; Blanchemain, éd de Ronsard, IV, 200 ; Marty-Laveaux, éd. de Ronsard, VI, 386, et Notice, cxxiii. Voir encore pour la récompense que leur valut cette participation aux fêtes, et pour la part de Jamin, Cimber et Danjou, Archives curieuses, 1re  série, VIII, 369 ; Œuvres de Jamin, éd. de 1575, in fine.