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COMMENTAIRE HISTORIQUE

Mais dans aucune édition fragmentaire ou collective elles ne sont dédiées au roi Charles IX, et je ne sais comment expliquer l’erreur de Binet, qui a persisté dans ses trois textes.

Sur le goût de Charles IX pour la chasse (car le second il de la phrase de Binet se rapporte au roi, tandis que le premier et le troisième il se rapportent au poète), cf. les vers que Ronsard a écrits comme préface de La Chasse, ouvrage inachevé de ce roi, et qui parurent dans l’éd. collective de 1584 (Bl., III, 253 ; M.-L, III, 177), et Brantôme, éd. Lalanne, tome V, passim.

P. 25, l. 16. — hausser. Source probable de cette fin de phrase : une note de R. Belleau, citée plus haut (p. 131 au mot « beaucoup »), et un passage de la préface de son Commentaire où il déclare que Ronsard a abaissé son style dans le Deuxiéme livre des Amours « tant pour satisfaire à ceux qui se plaignoyent de la grave obscurité de son style premier, que pour monstrer la gentillesse de son esprit, la fertilité et diversité de ses inventions, et qu’il sçait bien escrimer à toutes mains des armes qu’il manie » (éd. de Ronsard, par M.-L., I, 402).

Binet a déjà fait une remarque analogue à propos des Hymnes, où Ronsard « monstra comme il avoit l’esprit et le style ploiable à toutes sortes d’argumens ».

P. 25, l. 23. — jusques dans Paris. Source quatre vers du Tombeau de Marguerite de France :

Je me trouvay deux fois à sa royale suite.
Lorsque ses ennemis lui donnerent la fuite,
Quand il se pensa voir par trahison surpris
Avant qu’il peust gaigner sa ville de Paris.
(Bl, VII, 186 ; M.-L., V, 257.)


Il s’agit de la retraite de Charles IX, d’abord de Monceaux à Meaux, puis de Meaux à Paris, pendant la deuxième guerre civile, en septembre 1567.

P. 25, l. 32. — des Grans. Ronsard, en effet, a souvent composé des vers à la demande des Princes, des dames de la Cour et de ses amis ; et il avoue lui-même que sa Muse ne le servait pas toujours à souhait et à l’heure :

........car faire je ne puis
Un trait de vers, soit qu’un Prince commande,
Soit qu’une dame ou l’ami m’en demande,
Et à tous coups la verve ne me prend.
(Bl., VI. 55.)


Il est probable que Binet s’est appuyé sur ce passage, et sur cette petite note en prose, dont Ronsard a accompagné la pièce liminaire des Elegies pour l’édition de 1587 : « Si j’eusse composé la meilleure partie de ces Elegies à ma volonté, et non par expres commandement des Roys et des Princes, j’eusse été curieux de la briefveté : mais il a fallu satisfaire au desir de ceux qui avoient puissance sur moy... » (Bl., IV, 210.) Il a également profité de cette note écrite par Belleau (et non par Muret) au bas du sonnet de 1565, Douce beauté qui me tenez le cœur : « Le poëte m’a quelquefois dit que ce sonnet n’est fait pour represen-