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ET CRITIQUE

Ainsin, Odin, je passe la journée
Lors que la fiévre en mon corps encharnée
Ronge mes os, succe mon sang... (p. 107).
Tandis, Girard, que la fievre me tient
Reins, teste, flanc, la Muse m’entretient
Et de venir à mon lit n’a point honte (p, 109)[1].


Voir encore un sonnet d’Am. Jamin, publié en tête de ces Poëmes de 1569 :

Fait nouveau mesnager, mon Ronsard, ton plaisir
N’estoit que rebatir et regler ton mesnage
................
Quand Phœbus despité de voir son Luc moisir
.................
De longue fiebvre quarte a voulu te saisir...,


et une ode du même A la Santé pour M. de Ronsard malade de la fievre quarte :

Mechante fievre n’as-tu
Assez Ronsard abatu
Pere aux François de la Lyre ?
Jà la lune quinze fois
A recommencé le mois
Depuis qu’il est en martyre.
(Œuvres, 1575, liv. V.)

P. 27, l. 7. — Monsieur de Pimpont. C’est Germain Vaillant de la Guerle, abbé de Pimpont. Il signait ses pièces latines G. Valens Guellius PP., ou simplement PP. L’édition princeps de la Franciade présente parmi ses liminaires trois pièces de lui, dont un sonnet signé PP. On trouve également des vers latins de lui en tête de la Bergerie et des Pierres précieuses de R. Belleau. Les Œuvres d’Am. Jamin contiennent un « Discours à M. de Pimpont, Conseiller du Roy en sa Cour de Parlement » ; Baïf lui a dédié une ode ; Belleau a traduit deux de ses Epitaphes latines ; Ronsard le met au nombre des « divines têtes, sacrées aux Muses », qu’il regrette de voir s’exprimer en latin (préf. posthume de la Franciade). Sur ce personnage, qui fut évêque d’Orléans dans les dernières années de sa vie, voir Sc. de Sainte-Marthe, Elogia, traduits par G. Colletet en 1644.

P. 27, l. 17. — consacrée aux Muses. Blanchemain a le premier déclaré, après en avoir « acquis la certitude », que la « satire » de la Dryade violée n’était autre que l’« élégie » aux bûcherons de la forêt de Gastine (VIII, 30 et 100), et depuis on l’a répété sans contrôle. Or rien n’est moins certain.

D’abord la fameuse élégie : « Quiconque aura premier la main embesongnée... » n’a paru qu’en 1584, dix ans après la mort de Charles IX, et avec ce simple titre : Elegie XXIV ; elle figure encore dans les premières éditions posthumes (de 1587 à 1617 inclus) avec le simple titre

  1. Je renvoie ici à l’éd. M.-L., parce qu’elle reproduit celle de 1584 que Binet a consultée. Mais le texte princeps est assez différent, ainsi que celui de Blanchemain, lequel d’ailleurs a mal daté toutes ces pièces (cf. Bl., VI, 69, 70, 79, 106, 112, 117-18, 120, 123).