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ET CRITIQUE

Blanchemain, d’après un manuscrit de L’Estoile (Œuvres inédites de Ronsard, p. 127, et tome VIII des Œuvres, p. 105). Son authenticité a été mise en doute par Marty-Laveaux (Œuvres de Ronsard, VI, 493) ; mais il s’est bien gardé de citer le témoignage de Binet qui lui donne tort. Voir ce que j’en ai dit dans ma thèse sur Ronsard p. lyr., pp. 245 et 246.

P. 28, l. 19. — à sa Muse. Voir l’Hymne du Roy Henri III, qui fut écrit non pas, comme le dit l’édition de Bl. (V, 144), « pour la victoire de Moncontour », mais pour celle de Jarnac (il parut le 1er  août 1569 dans les Poëmes sous ce titre : « Chant triomphal pour jouer sur la lyre sur la victoire qu’il a plu à Dieu de donner à Mgr le duc d’Anjou ») ; puis les trois pièces écrites avant et après la bataille de Moncontour, savoir : « Priere à Dieu pour la victoire ; l’Hydre desfaict ; les Elemens ennemis de l’Hydre » (Bl., VII, 149 et suiv.), — dont la seconde parut en 1569 dans les Paeanes sive Hymni in triplicem victoriam... de Dorat et quelques autres poètes. Le souvenir de ces chants de victoire est longuement rappelé par Ronsard dans le Discours au Roy après son retour de Pologne (III, 276-78).

P. 28, l. 22. — volontiers. Voir cinq sonnets publiés en 1578 (Bl., V, 310-13), une bonne partie du Bocage Royal (III, 265 à 310) et la dédicace des Elegies (IV, 215). Quant aux gratifications de Henri III, Ronsard y fait allusion dans le Panégyrique de la Renommée, publié en 1579 :

Nul poëte François, des Muses serviteur,
Ne presenta jamais d’ouvrage à sa hauteur
Qu’il n’ait recompensé d’un present magnifique...
(III, 274.)

Ronsard a très probablement écrit ces vers après avoir été récompensé des épitaphes qu’il composa en l’honneur des mignons du Roi, Quelus et Maugiron, tués en duel au mois d’avril 1578. On sait en outre par P. de l’Estoile ce que Henri III donna à Ronsard pour sa participation aux fêtes du mariage de Joyeuse en septembre 1581 : « Le Roy donna à Ronsard et Baïf, poëtes, pour les vers qu’ils firent pour les mascarades, combats, tournois et autres magnificences des nopces et pour la belle musique par eux ordonnée et chantée avec les instrumens, à chacun deux mil escus, et donna en son nom et de sa bourse les livrées de drap de soie à chacun... » (Registre-Journal de P. de l’Estoile, édition Brunet et Çhampollion, tome II, p. 23.) Cf. P. Lacroix, Ballets et Mascarades de Cour, Introduction, et le Ronsard de Blanchemain, tome IV, pp. 170 à 176 et 211.

P. 28, l. 25. — à son lict. Il est possible que Binet, ne connaissant pas la date d’apparition des pièces qu’il consultait, se soit inspiré dans ce passage, surtout pour l’addition de C, du poème de la Salade :

Tu me diras que la vie est meilleure
Des importuns qui vivent à toute heure
Aupres des Roys en credit et bonheur,
Enorgueillis de pompes et d’honneur :
Je le sçay bien, mais je ne le veux faire
Car telle vie à la mienne est contraire.
Il faut mentir, flater et courtiser