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COMMENTAIRE HISTORIQUE

Disoit que tu avois de toy-mesmes appris,
Et que sur tous aussi tu emportois le pris :
Comme a fait mon Ronsard, qui à la poësie,
Maugré tous ses parens, a mis sa fantaisie.
Et pour cela tu fis engraver sur le haut
Du Louvre une Déesse, à qui jamais ne faut
Le vent à joüe enflée au creux d’une trompete.
Et la montras au Roy, disant qu’elle estoit faite
Expres pour figurer la force de mes vers,
Qui comme vent portoyent son nom par l’Univers.
(Bl., VI, 192 ; M.-L., V, 178.)


On pourrait croire d’après les trois textes de Binet, surtout d’après A et B, que l’idée de P. L’Escot lui fut suggérée par la lecture des Hymnes et que, par conséquent, l’anecdote se place en 1556. Mais je pense que ces débuts de phrase : « Ce fut ce qui le fit estimer... Ce fut aussi ce qui incita... », doivent retomber sur le projet de la Franciade et non sur la publication des Hymnes. Binet semble avoir voulu rendre tout le passage plus clair par cette addition de C « et principalement la Franciade ». En tout cas, l’anecdote est certainement antérieure à la publication des Hymnes et doit se placer en 1554, comme en témoigne une pièce de vers latins de Robert de la Haye : Henrico Regi Rob. Hayus de P. Ronsardo, publiée dès le mois de janvier 1555 à la fin de la 3e édition des Odes de Ronsard, fo 132 ro. (Voir ma thèse sur Ronsard p. lyr., p. 146.) Ces vers latins, reproduits parmi les liminaires des éditions de 1560 et 1567, ont disparu des éditions suivantes et, partant, sont restés inconnus de Binet.

P. 22, l. 17. — En mesme temps. Rien de plus vague que cette indication. Elle montre une fois de plus combien Binet ignorait la chronologie de son sujet ; il vient de parler du projet de la Franciade, qui remonte à 1549, mais qu’il croit postérieur à la querelle Saint-Gelais-Ronsard terminée en janvier 1553, — puis de la publication des Hymnes, qui date de la seconde moitié de 1555 et de la seconde moitié de 1556 ; et maintenant il va parler d’un événement de la vie de Ronsard qui date du 3 mai 1554.

P. 22, l. 23. — Apolloine Rhodien. C’est-à-dire Apollonius de Rhodes. Cf. la première préface et surtout l’argument du 1er livre de la Franciade, par Amadis Jamin, premières lignes (Bl., III, 9, 12, 41).

P. 22, l. 27. — de son temps. Cf. le Discours contre Fortune (Bl., VI, 166 : « Du temps du Roy François... ») ; l’Epitaphe de Hugues Salel (VII, 268 : « François le premier Roy... ») ; la Complainte à la Royne mere (III, 372 : « O docte Roy François... »). Il est vraisemblable que c’est ce dernier poème qui a inspiré ici Binet, parce qu’il contient ces vers relatifs précisément à la Franciade :

J’avois l’esprit gaillard et le cœur genereux
Pour faire un si grand œuvre en toute hardiesse.
Mais au besoin les Roys m’ont failly de promesse...

P. 23, l. 4. — l’Eglantine. Sur l’origine des Jeux Floraux de Toulouse, V. Gidel, Thèse fr. de 1857, p. 91 ; Aubertin, Hist. de la langue et litt. fr. au Moyen Age, I, 335 et suiv. ; Ant. Thomas, Grande Ency-