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COMMENTAIRE HISTORIQUE

advisé, laquelle luy seroit envoyée de portée en la court, et en son lieu seroit reçue et acceptée par M. Pierre Pascal, docteur et maistre en la dicte science. »

La fleur ne fut pas envoyée, et la délibération du 5 mai de l’année suivante dit :

« Et apres fust aussy deliberé entre les dicts sieurs mainteneurs et capitols et maistres en la dicte science sur la facture de la fleur de l’eglantine adjugée l’année passée à Monsieur Ronsard, poëte ordinaire du roy, et fust arrestée par commun advis qu’elle seroit augmentée de tel prix qu’il seroit advisé par les dicts sieurs cappitols, et fust commise la charge de ce faire, et envoyer la dicte fleur au dict Ronsard, au dict noble Pierre Delpech, bourgeois et cappitol, qui accepta et offrit faire son devoir. »

De la Minerve d’argent il n’est pas question, ni dans les délibérations du Collège de rhétorique, ni dans celles du Conseil de ville de cette époque. Mais le registre des comptes du Conseil de ville de 1555 porte :

« Plus ay païé à Blaise Colom, maitre orphevre, la somme de quarante livres tournoises pour commencement de paie de la Minerve d’argent qu’il a prins à faire pour faire present à Monsieur Ronsard, poëte du roy nostre sire, par mandement du iii Juillet. » (Registre CC. 749. Comptes 1555-56, fo 45.) Et le registre suivant porte cette indication, à la date de décembre 1555 : « Plus ay païé à Blaise Colom, maître orphevre de Thl., la somme de quarante livre seitze sols huict deniers tournois pour fin de paie de huictante livres seitze souls et huit deniers, tant pour la fourniture qu’il a faicte de la Minerve que pour la fasson d’icelle. Icelle a esté faicte pour faire un present à M. Ronsard. » (Registre CC. 750. Comptes 1555 56, fo 49 ro.)

Il ressort de ces documents — extraits du Bulletin de la Société archéol. du Midi de la France, 1908, nouv. série, n° 38, pp. 183 et suiv. — que la Minerve offerte à Ronsard coûta 80 livres 16 sols et 8 deniers, et qu’elle ne lui fut envoyée que dans la deuxième moitié de 1555. Mais ils ne disent pas si l’églantine, accordée à Ronsard dès 1554, fut convertie en cette Minerve, ou si le poëtc reçut à la fois la fleur et la statue.

D’autres documents, postérieurs à ceux-ci de plus de trente ans, ne laissent aucun doute à ce sujet. D’après un procès-verbal du 3 mai 1586, quelques-uns des « Mainteneurs et maistres ez jeux fleuraulx » réunis dans le Consistoire des Comptes, voulant honorer tout particulièrement Ant. de Baïf, rappelèrent aux Capitouls présents à la séance « comme en l’année mil cinq cens cinquante quatre en pareille assemblée la fleur de l’Églantine feut adjugée à Pierre de Ronsard pour son excelent et rare scavoir pour l’ornement qu’il avoict appourté à la poesie françoise et que le pris d’icelle avoict esté converti en une Pallas d’argent qui luy feust envoyée de la part dudict College et des Capitoulz, dont s’estant extimé ledict Ronsard bien fort honnoré, il en auroict rendu action de graces et par autres infinis tesmoignages qui se treuvent parmy ses œuvres faict connoistre combien ce present luy auroict esté agreable. » Et, après délibération des Capitouls, il fut décidé que, vu le premier