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ET CRITIQUE

complète les renseignements donnés par la dernière rédaction de Binet et par Colletet.

P. 25, l. 35. — pour embellir ses vers. Sur cette demoiselle d’honneur de Catherine de Médicis, fille de René de Fonsèque, seigneur de Surgères, et d’Anne de Cossé-Brissac, et sur les poésies que Ronsard lui a consacrées, voir P. de Nolhac, Le dernier amour de Ronsard (Nouv. Rev., 15 septembre 1882) ; E. Frémy, op. cit., pp. 191 et suiv. ; Marty-Lav., Notice sur Ronsard, lxv et suiv. ; ma thèse sur Ronsard, p. lyr., pp. 256-57 et passim.

Hélène de Surgères ne s’est pas mariée, comme le prouve non seulement une généalogie manuscrite qui donne son nom avec cette simple mention « morte fille » (P. de Nolhac, op. cit. p. 6), mais encore un passage de l’Hist. généal. de la maison des Chasteigners par André du Chesne (Paris, S. Cramoisy, 1634), pp. 431-32. On pourrait croire le contraire à première vue en consultant l’Hist. généal. de la maison de Surgères par Louis Vialart (Paris, J. Chardon, 1717). Cet auteur mentionne à la p. 66 une Hélène, dame de Surgères, qui épousa Isaac de la Rochefoucauld et en eut quatre enfants ; mais il s’agit là d’une petite-fille de René de Fonsèque, qui fut la nièce de l’Hélène de Ronsard. Si Vialart et d’autres généalogistes n’ont pas mentionné celle-ci, c’est précisément parce qu’elle resta fille.

Comment faut-il entendre cette phrase de Binet : « Il s’est aidé de son nom pour embellir ses vers » ? C’est que le nom d’Hélène est « de louange immortelle » depuis Homère, et que Ronsard a chanté le nom même de sa dernière Muse, qu’il rapproche plus d’une fois de l’Hélène grecque (cf. Bl., I, 283, 322-23, 341, 347, 353, 354, 384). — Quant à sa vertu et à sa beauté, elles ont été vantées l’une et l’autre, non seulement par Ronsard, mais par plusieurs de ses contemporains, entre autres Desportes (éd. Michiels, p. 429), Am. Jamin (Œuvres, 1575, fo 284 ro ; second volume des Œuvres, 1584, fo 83 ro) et Passerat (Œuvres, éd. de 1606, p. 237).

P. 25, l. 39. — ce qui est de sainct. Cf. l’éd. Bl., I, 283. Il est permis de ne pas croire à la chasteté des sentiments de Ronsard à l’égard d’Hélène, et Binet me semble bien avoir ici fardé la vérité. Au sonnet qu’il cite, on pourrait opposer vingt autres pièces qui prouvent le contraire de ce qu’il voulait nous faire croire. V. par ex. les sonnets Bien que l’esprit humain ; Ma Dame se levoit ; Ha, que la loy ; Quand je pense ; Vous triomphez de moi ; et surtout les pièces qui, écrites à l’adresse d’Hélène, furent classées dès la seconde édition dans les Amours diverses ou même ne furent pas imprimées, probablement à la requête de l’intéressée, telles que la chanson Plus estroit que la vigne, les sonnets Cest honneur, ceste loy ; Maistresse, embrasse moy : Je n’aime point les Juifs ; Je trespassois d’amour (Bl., I, 383, 384, 416 et suiv.).

À noter que Binet allongea en C le passage relatif à Hélène uniquement pour insister sur le caractère platonique de ses relations avec le poète, et que ce seul fait doit rendre suspecte l’anecdote de l’intervention de Catherine de Médicis au début de ces relations, intervention dont la preuve n’existe nulle part. Il est vraisemblable que Binet, en faisant cette addition à son texte, céda aux instances d’Hélène de Sur-