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Page:Binet - Les Idées modernes sur les enfants.djvu/123

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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

infinité d’autres, qui ont été contes sur le même modèle, et qui ont conduit exactement à la même conclusion[1]. Notons bien cette conclusion, et jugeons avec soin de sa valeur pratique. Toute épreuve qui met en jeu l’intelligence des gens, et qui comporte une certaine difficulté appropriée au degré de leur intelligence, suffit pour révéler une différence intellectuelle ayant une valeur de moyenne. Si on a divisé les sujets en deux groupes, l’un plus intelligent, l’autre moins intelligent, la petite expérience de psychologie permettra presque sûrement de distinguer le premier groupe du second. Il ne serait même pas nécessaire pour cela d’une expérience de psychologie. On arriverait à la même différenciation en se contentant de mesurer le volume des têtes des élèves. On y arriverait aussi, j’en suis sur, en posant aux enfants la question la plus simple, par exemple « quel âge avez-vous ? » ou « quel temps fait-il ? », moins encore, en regardant comment ils ouvrent une porte. Il est donc très facile de différencier deux groupes ; mais il l’est beaucoup moins de différencier deux individus. Si, reprenant l’expérience de Biervliet, on la répétait sur vingt sujets d’intelligence inégale, et non divisés préalablement en deux groupes, on ne parviendrait pas à distinguer de cette manière ceux qui sont les plus intelligents.

En réfléchissant à ces choses, on se fait la conviction que l’imperfection de la méthode des tests mentaux tient à deux circonstances principales. D’une part, ils sont fragmentaires ils ne portent que sur une ou deux facultés et non sur tout un ensemble ainsi, le test de Biervliet portait principalement, presque uniquement, sur l’attention. D’autre part, les facultés mentales de chaque sujet sont indépendantes

  1. Travaux de Meumann, Ebbinghaus, Gilbert, Scripture, Seashore, et surtout Nehen…, etc.