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Page:Binet - Les Idées modernes sur les enfants.djvu/247

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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

cialiser de trop bonne heure des enfants, à leur donner un enseignement adapté à des aptitudes qu’ils peuvent ne pas avoir ou qui peuvent changer avec l’âge, ou dont l’utilisation peut changer aussi, dans un milieu aussi instable que nos sociétés modernes. Nous ne voyons pas ce que la liberté individuelle gagnerait à la reconstitution de ces jurandes et maîtrises de l’ancien temps qui emprisonnaient les ouvriers dans des métiers fermés.

On le devine par ces quelques détails, la question que nous abordons est entièrement nouvelle ; elle ne fait pas actuellement partie du domaine de la pédagogie ; elle consiste surtout en travaux de laboratoire, en recherches très spéciales dues à des psychologues, comme Stern, en Allemagne, pour ne citer qu’un des noms les plus autorisés. Nous allons nous inspirer de ces études, en même temps que des nôtres, qui sont fort anciennes, mais nous les exposerons à un point de vue plus nouveau, plus nettement moderne ; au lieu de les traiter en curiosités de psychologie, nous chercherons leur utilisation pratique et, à la suite de chaque constatation, nous nous adresserons, comme un refrain, la question suivante : « À quoi sert cette observation ? »


Nous allons donc parler dans tout ce qui suit d’aptitudes partielles, particulières. Que faut-il entendre au juste par cette spécialité, cette particularité de certaines aptitudes ? Il faut entendre qu’elles ne sont pas en corrélation avec le reste des études. Supposons qu’il s’agisse de la matière d’enseignement . Quand nous disons que cette matière suppose des aptitudes particulières, nous voulons dire que les élèves qui excellent en peuvent être médiocres pour l’ensemble des autres études et qu’à l’inverse les élèves qui sont médiocres en peuvent exceller dans les autres études. Il est donc nécessaire, pour se faire une notion de