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LES APTITUDES

conseils seront efficaces pour des raisons un peu différentes de celles auxquelles on a pensé. Il est bon de ne pas pousser un travail volontaire au delà d’une certaine limite, et de savoir s’arrêter ; on évite ainsi la fatigue intellectuelle, qui produit la stérilité de l’effort. Quand une difficulté nous paraît insoluble, il est de mauvaise politique de s’y acharner ; notre attention et l’acuité de notre intelligence s’y émoussent, et nous accumulons une fatigue qui ne fera que retarder l’heure de la solution. Savoir s’imposer un bon repos au moment opportun vaut infiniment mieux. Quelque temps après, si on se remet à la besogne, on se sent les idées plus claires, l’esprit plus dispos ; et parfois on trouve très vite ce qu’on avait si vainement cherché auparavant. Est-ce parce que l’inconscient s’est mêlé de nos affaires ? N’est-ce pas plutôt, ou plus souvent, parce que nous sommes dans un état de fraîcheur mentale qui décuple nos forces ? Suivant les cas, c’est tantôt une des explications qui est juste, tantôt l’autre. Mais peu nous importe. L’essentiel est d’avoir employé une méthode qui nous a réussi.

Chacun peut tirer des observations qui précèdent de très utiles indications pour la meilleure manière de diriger le travail de son esprit. Et lorsqu’on fait travailler des enfants, surtout quand on leur donne à faire des rédactions qui exigent une part d’imagination, il est bon de se rappeler que quelques-uns d’entre eux ne trouvent pas les idées à volonté. M. Belot, à la suite de ses expériences sur la rédaction avec et sans délai, a donné un très utile conseil : celui de dicter le thème imaginatif quelque temps avant de faire commencer le travail de composition. De cette manière, les idées des enfants ont le temps de germer.