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L’ENFANT À L’ÉCOLE

Nous avons essayé, à notre laboratoire de pédagogie, de montrer que toutes ces erreurs et défaillances ne sont pas inévitables et qu’il est possible d’organiser des examens qui soient des mesures du degré d’instruction. C’est mon collaborateur, M. Vaney, qui a été chargé de ce travail[1]. Il a arrêté tout un plan d’examens qui permet de mesurer l’instruction d’un élève, âge par âge, depuis sept ans jusqu’à douze ans. C’est une méthode qu’on a rendue applicable à l’instruction de l’école primaire seulement, parce que notre laboratoire est situé dans une école primaire et que, d’ailleurs, l’enseignement secondaire reste fermé jusqu’ici à la plupart de nos recherches de psychologie expérimentale. Mais il serait bien facile d’étendre la méthode à l’enseignement secondaire et à n’importe quelle espèce d’enseignement, car le principe de la méthode resterait le même.

Ce principe se résume dans les deux propositions suivantes 1o l’examen n’est pas livré au hasard, au caprice de l’inspiration, aux surprises des associations d’idées, il se compose d’un système de questions dont la teneur est invariable, et dont la difficulté est dosée ; 2o le degré d’instruction d’un enfant n’est point jugé, in abstracto, comme bon, médiocre, mauvais, suivant une échelle subjective de valeur ; il est comparé au degré d’instruction de la moyenne d’enfants de même âge et de même condition sociale qui fréquentent les mêmes écoles.

Le résultat obtenu peut être aussitôt transformé, sans commentaire d’aucune sorte, en une notation qui exprime qu’un enfant est, pour son instruction, un régulier, ou qu’il est en avance de six mois, d’un an, de deux ans, et ainsi de suite, ou, au contraire, en retard de six mois, un an ou deux ans, et davantage.

Ce système de notation est si commode qu’après

  1. Voir à ce propos Année psychologique, XI, p. 146.