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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

véritable système d’action morale, tous les procédés éducatifs sont surtout des procédés moraux. Ceux qui paraissent être essentiellement physiques le sont moins qu’on ne l’imagine ; ce qu’ils ont de matériel ne vaut que comme suggestion, simulacre, et leur action dépend des idées qu’ils éveillent, de la valeur qu’on leur attribue. Un coup, par exemple, donné à un chien ou à un enfant, peut être efficace ; mais il l’est moins comme douleur physique que comme suggestion d’un au delà vague, mystérieux, menaçant ; et ce qui le prouve bien, c’est qu’on peut, tout en riant, dans la chaleur d’un jeu, donner d’énormes tapes à un enfant ou à un chien ; et ils en sont ravis, parce que ces tapes n’ont point la valeur de punitions. De même, les récompenses ne sont point tant efficaces par les sensations agréables qu’elles procurent que par toute l’allégresse qui s’ensuit. Je fais appel à ceux qui ont été récompensés, enfants, par une friandise ou l’apparition d’un « plat couvert » ; ce qui faisait le prix de ces récompenses, ce n’est pas la petite sensation gustative, si courte et si maigre, qu’ils ont éprouvée, mais l’attente, la surprise, la manière dont le cadeau a été fait, et toutes les émotions qui ont fait cortège. Il est donc utile, je crois, de développer surtout les moyens d’action moraux dont nous disposons : ce sont les plus riches, les plus variés, les plus efficaces ; les moyens physiques ne doivent être, à mon avis, que des amorces, des simulacres, des symboles.


2o Les moyens répressifs. — Ils consistent surtout à produire chez l’élève une impression désagréable, pénible, déprimante, douloureuse ; cette impression étant accolée, associée à certaines actions, en détourne l’élève, et l’empêche d’agir ; si elle est associée au contraire à certaines abstentions, elles l’incitent à agir ; mais la dépression est toujours une influence à éviter car elle est une grande cause de perte d’éner-