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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

parlent sans intonation ou avec des intonations lourdes, ou même fausses.

D’ordinaire, lorsqu’on entend un enfant lire avec expression, on est tout disposé à le croire intelligent, on s’aperçoit qu’il comprend et sent ce qu’il lit ; mais on peut s’y tromper. L’expression est plutôt un don artistique et il est inné, quoiqu’on puisse l’acquérir ; c’est un don qui prouve plutôt un talent d’expression qu’une faculté d’intelligence, bien qu’on le rencontre chez les intelligents plus souvent que chez les sots.


2o Calcul. — Les connaissances en calcul s’apprécient au moyen de problèmes courts, dont notre tableau ne contient qu’un seul échantillon par âge. Si on examine ces problèmes, on va objecter sans doute qu’ils sont trop succincts, trop fragmentaires pour être représentatifs de l’ensemble de nos connaissances en calcul. D’abord, nous dira-t-on, pourquoi demander toujours des problèmes, et jamais des opérations ? Ensuite pourquoi s’être réduit à faire des problèmes de soustraction pour les deux premières années scolaires ? Est-ce que pendant ces années-là les élèves n’apprennent pas l’addition et la multiplication ? Plus tard, ne leur enseigne-t-on pas le système métrique, les fractions ? D’où vient que le tableau ne donne aucun échantillon de tout cela ?

Une sélection aussi sévère n’a été faite qu’après une longue étude, et je me rappelle que, tout au début, M. Vaney avait imaginé pour chaque âge scolaire une très longue série de problèmes et d’opérations. Puis, on a sacrifié les opérations, pour deux raisons : d’abord, parce qu’elles sont impliquées dans les problèmes et feraient, par conséquent, double emploi ; ensuite, parce que les opérations peuvent être apprises et exécutées automatiquement par des élèves incapables d’en comprendre le sens et de les utiliser. J’ai vu des enfants qui font correctement une multiplication