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LE CORPS DE L’ENFANT

dans l’organisme ce qu’on remarque dans tout budget : une dépense sur un chapitre entraîne une économie nécessaire sur un autre ; en d’autres termes, trop d’exercice physique nuit à la culture intellectuelle. C’est une raison pour regarder de très près quels sont les enfants qui prennent part aux exercices les plus fatigants et les plus violents ; c’est une raison surtout pour que les maîtres et les parents jugent sans faiblesse l’état des forces de leurs enfants et ne permettent à ceux-ci que des exercices ne dépassant pas leurs pouvoirs physiques réels, et ne nuisant pas à leurs études.

L’examen des forces physiques a aussi son utilité, lorsqu’on se décide à envoyer un enfant dans une école de plein air, ou dans ces colonies scolaires de la campagne ou du bord de la mer, qui sont destinées à tonifier, par une vie physique bien saine, les enfants anémiés des grandes villes. La balance et la toise pourraient être utilisées, au départ des enfants et au moment de leur retour, pour vérifier dans quelle mesure ils ont profité du séjour dans la colonie de vacances, et pour savoir, par suite, si le régime adopté était meilleur ou moins bon qu’un autre. On procède très souvent aujourd’hui à ces mensurations ; mais elles sont faites dans un tel esprit d’optimisme et de réclame qu’elles nous paraissent suspectes. Ceux qui les font ne savent pas le premier mot des précautions qui sont absolument indispensables pour assurer la sincérité des opérations ; ces précautions, nous les signalerons tout à l’heure.

Lorsque les enfants sont devenus des jeunes gens et quittent le milieu scolaire pour entrer dans la vie, à ce moment-là encore une cote de leurs qualités physiques serait bien utile à prendre ; elle donnerait à l’élève et à ses parents des renseignements précieux sur les professions et métiers pour lesquels ce sujet est le plus apte ; et, du même coup, l’élève appren-