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LES IDÉES MODERNES SUR LES ENFANTS

d’une force moyenne ; peut-être même est-elle extraordinairement précoce.

Nous rencontrons ici, pour la première fois, l’occasion de signaler une distinction très importante entre les vérités de moyenne et les vérités d’application individuelle. Certaines dispositions physiques et morales ne se constatent que par des épreuves répétées sur un grand nombre d’individus ; elles ne peuvent servir qu’à des conclusions de groupe. Nous en verrons bientôt maint exemple. En voici déjà un très net, fourni par l’étude du développement physique. Certaines autres dispositions ont l’intérêt de se prêter à des applications individuelles, parce qu’elles sont le signe d’une qualité qui ne manque jamais. Ainsi le râle sous-crépitant, en médecine, n’est pas un signe générique : c’est un signe certain de pneumonie. De même, en psychologie, nous trouverons beaucoup de ces signes précieux qui permettent de juger et de ranger un individu.

Pourquoi donc est-ce que la mensuration corporelle d’un écolier ne nous renseigne pas avec précision sur sa capacité d’intelligence ? Il y a là un défaut de rapport qui choque. Est-ce que l’intelligence n’a pas besoin d’un substratum anatomique ? Est-ce qu’elle n’est pas sous la dépendance d’un cerveau bien conformé, bien irrigué, bien nourri ? Est-ce que le cerveau, à son tour, ne dépend pas des autres organes, du cœur, de l’estomac, du rein, et aussi du système musculaire et du système osseux ? Est-ce qu’il n’y a pas un lien de dépendance entre toutes les parties d’un organisme ? Et, par conséquent, si l’être physique d’un écolier est vigoureux, est-ce qu’on ne devrait pas trouver la même vigueur dans son être moral ?

Sans doute, ces corrélations existent, mais il faut croire qu’elles sont moins simples que notre imagination ne les conçoit ; en tout cas, elles sont influen-