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VISION ET AUDITION

soient imprimés en bons caractères, dont la dimension doit avoir 1mm,5 de hauteur avec des interlignes de 2mm,5. Toutes ces précautions semblent minutieuses, mais elles sont si utiles !…


Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de plaider longuement pour montrer les avantages de l’examen de la vision chez les écoliers. Mais je veux profiter de cette occasion pour faire une petite digression au sujet des tests mentaux. On appelle de ce nom des expériences rapides destinées à nous faire connaître les facultés des enfants. Il y a des gens qui se moquent agréablement des tests, et cela pour diverses raisons. Le philosophe américain William James reproche à la méthode de manquer d’intérêt, de sorte que l’enfant n’est pas incité à donner sa vraie mesure. « Aucune expérience de laboratoire, dit-il, n’est capable de jeter quelque lumière sur le pouvoir réel d’un individu, car le ressort vital, son énergie émotionnelle et morale, son opiniâtreté ne peuvent pas se constater par une seule expérience ». Il cite à ce propos l’exemple extraordinairement touchant du naturaliste Huber qui, aveugle, mais passionné pour les abeilles et les fourmis, les observa mieux par les yeux d’un autre que celui-ci avec ses propres organes. Et James termine par une belle apologie de la puissance de la volonté : « Désirez être riche et vous le serez, dit-il ; désirez être savant, être bon, et vous le deviendrez. Seulement désirez réellement une chose, à l’exclusion des autres, et sans vouloir simultanément, avec une force égale, une centaine de choses incompatibles avec elle[1]. » Les observations sont exactes, et la conclusion est juste. Et cependant, est-ce que ce raisonnement entame le moins du monde la valeur des tests mentaux ? Je ne le crois pas, car

  1. Causeries pédagogiques, pp. 112 et 114.