Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/209

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eut été retiré, et s’anéantirent de nouveau par l’interposition du même corps. Cette succession de phénomènes se répéta un grand nombre de fois et avec une constance vraiment remarquable, soit que le corps intermédiaire fût tenu par moi, soit qu’il le fût par une autre personne. Plus ces effets me paraissaient extraordinaires, et plus je sentais le besoin de vérifier s’ils étaient réellement étrangers à tout mouvement musculaire du bras, ainsi qu’on me l’avait affirmé de la manière la plus positive. Cela me conduisit à appuyer le bras droit, qui tenait le pendule, sur un support de bois que je faisais avancer à volonté de l’épaule à la main et revenir de la main vers l’épaule. Je remarquai bientôt que, dans la première circonstance, le mouvement du pendule décroissait d’autant plus que l’appui s’approchait davantage de la main, et qu’il cessait lorsque les doigts qui tenaient le fil étaient eux-mêmes appuyés, tandis que dans la seconde circonstance, l’effet contraire avait lieu ; cependant pour des distances égales du support au fil, le mouvement était plus lent qu’auparavant. Je pensai, d’après cela, qu’il était très probable qu’un mouvement musculaire qui avait lieu à mon insu déterminait le phénomène, et je devais d’autant plus prendre cette opinion en considération que j’avais un souvenir, vague à la vérité, d’avoir été dans un état tout particulier, lorsque mes yeux suivaient les oscillations que décrivait le pendule que je tenais à la main.

« Je refis mes expériences, le bras parfaitement libre, et je me convainquis que le souvenir dont je viens de parler n’était pas une illusion de mon esprit, car je sentis très bien qu’en même temps que mes yeux suivaient le pendule qui oscillait, il y avait en moi une disposition, ou tendance au mouvement, qui, toute involontaire qu’elle semblait, était d’autant plus satisfaite que le pendule décrivait de plus grands arcs ; dès lors, je pensai que si je répétais les expériences les yeux bandés, les résultats pourraient être tout différents de ceux que j’observais ; c’est précisément ce qui arriva. Pendant que le pendule oscillait au-dessus du mer-