Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

occupés de la question, d’abord M. Bird en Amérique, puis MM. Richet, Gley, de Varigny, qui ont fait plusieurs communications à la Société de Biologie en 1884, et MM. Robertson, Galton, Romanes, etc., en Angleterre, Preyer, Sikorsky, etc., en Allemagne. Voici comment l’expérience se dispose dans la plupart des cas. Une personne est priée de penser fortement, avec autant de fixité que possible, à un objet ; l’objet peut être absent, ou présent. Une seconde personne prend la main de la première, et doit chercher à deviner sa pensée, sans l’interroger verbalement. S’il s’agit d’un objet présent dans le lieu où l’on se trouve, et qu’on a eu le soin de cacher, la personne qui devine doit se diriger avec l’autre personne vers l’endroit de la cachette. Telle est l’expérience ; le nombre des réussites exclut l’explication du hasard et l’honorabilité des personnes avec lesquelles on a pu la réussir exclut toute idée de simulation. Comment donc une personne peut-elle deviner la pensée d’une autre, en lui tenant simplement la main ? C’est par les mouvements de cette main, mouvements faibles, délicats, presque imperceptibles, mais cependant bien significatifs pour quiconque a le tact un peu exercé et l’esprit prompt ; grâce à ces mouvements, on est conduit vers l’objet cherché avec une précision dont on ne se doute pas avant d’avoir fait soi-même l’expérience. M. Bird a donc eu raison de donner à cette lecture le nom de lecture de mouvements musculaires (muscle-reading).

La nature exacte de ces mouvements est difficile à décrire, elle varie du reste beaucoup d’une personne à l’autre ; mais il est facile de comprendre ce qu’ils peuvent être dans un certain nombre de cas. Lorsqu’on entraîne loin de l’objet caché la personne qui pense à cet objet, il peut arriver que sa main résiste un peu, extrêmement peu, à ce mouvement ; elle résistera moins si le mouvement la dirige vers l’objet ; et enfin, quand elle passera devant, il se pourra qu’elle exécute avec la main un petit mouvement de flexion ou d’extension, ou qu’elle ait un petit soubresaut qui indiquera que l’objet est là. Les personnes calmes, pondérées, qui ne