Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/235

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je trouve que plus la jupe est courte, mieux ça vaut. Il y en a toujours trop. Simple feuille de vigne. Mon Dieu, c’est assez ! Tu trouves aussi, n’est-ce pas, mon petit, qu’il n’y a pas besoin d’autre chose qu’une feuille de vigne ? Regarde donc cette grande bringue de Lucie, a-t-elle des jambes, hein !

« Dis donc, mon petit ! (Elle se met à rire.) Tu es bien timide avec les femmes ; tu as tort. Viens donc me voir quelquefois. Tu sais, à trois heures, je suis chez moi tous les jours. Viens donc me faire une petite visite, et apporte-moi quelque chose. »

« En général. « Passez-moi ma longue-vue. C’est bien ! c’est bien ! Où est le commandant du premier zouave ? Il y a là des Kroumirs ! Je les vois qui montent le ravin… Commandant, prenez une compagnie et chargez-moi ces gens-là. Qu’on prenne aussi une batterie de campagne… Ils sont bons, ces zouaves ! Comme ils grimpent bien… Qu’est-ce que vous me voulez, vous… ? Comment, pas d’ordre ? (À part[1].) C’est un mauvais officier, celui-là ; il ne sait rien faire. — Vous, tenez… à gauche. Allez vite. — (À part.) Celui-là vaut mieux… Ce n’est pas encore tout à fait bien. (Haut.) Voyons, mon cheval, mon épée. (Elle fait le geste de boucler son épée à la ceinture.) Avançons. Ah ! je suis blessé ! »

« En prêtre. (Elle s’imagine être l’archevêque de Paris, sa figure prend un aspect très sérieux. Sa voix est d’une douceur mielleuse et traînante qui contraste avec le ton rude et cassant qu’elle avait dans l’objectivation précédente.) (À part.) « Il faut pourtant que j’achève mon mandement. » (Elle se prend la tête entre les mains et réfléchit.) (Haut.) « Ah ! c’est vous, monsieur le grand vicaire ; que me voulez-vous ? Je ne voudrais pas être dérangé… Oui, c’est aujourd’hui le 1er janvier, et il faut aller à la cathédrale… Toute cette foule est bien respectueuse, n’est-ce pas, monsieur le grand vicaire ? Il y a beaucoup de religion dans le

  1. « Les apartés de ces dialogues sont aussi très intéressants. Ils sont dits à voix très basse, mais distincte, en remuant à peine les lèvres. »