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troisième personne, et elle ignore dans son état premier ce que cet autre a fait dans l’état second. Le reste de l’observation n’a d’autre intérêt que d’être une répétition et par conséquent une confirmation de celle de Félida.


II


Il a été souvent question, dans ces dernières années, de Louis V…, hystérique mâle qui a présenté de curieuses successions de personnalité. Nous extrayons les renseignements suivants de l’ouvrage de MM. Bourru et Burot[1].

« L’histoire de Louis V…, disent-ils, est déjà connue dans la science. M. Camuset[2], l’a racontée le premier, et après lui, M. Ribot, M. Legrand du Saulle, M. P. Richer, en ont parlé ; M. J. Voisin[3] a fait deux importantes communications sur ce malade.

« Né à Paris, rue Jean-Bart, no 6, le 12 février 1863, de mère hystérique et de père inconnu, il a passé une partie de son enfance à Luysan, près de Chartres ; sa mère le maltraitait et il était devenu vagabond. Il paraît avoir eu dès son bas âge des crises d’hystérie accusées par des crachements de sang et des paralysies passagères. Le 23 octobre 1871, il est condamné pour vol domestique à la détention dans une maison de correction jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Il est envoyé à la colonie des Douaires, puis dirigé sur la colonie agricole de Saint-Urbain (Haute-Marne), où il reste du 27 septembre 1873 au 23 mars 1880. Occupé plusieurs années à des travaux agricoles, il reçoit en même temps l’instruction primaire dont il profite très bien, car il est docile et intelligent. Un jour, pendant qu’il est occupé dans une vigne à ramasser des sarments, une vipère s’enroule autour de son bras gauche, sans le mordre. Il en eut

  1. Changements de personnalité, p. 19.
  2. Camuset, Annales médico-psychologiques, janvier 1882.
  3. J. Voisin, Archives de neurologie, septembre 1885, p. 212.