Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/322

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vent chez les hystériques dans les états d’anesthésie, et on peut les provoquer et les développer quelque peu, en faisant naître un état de distraction. Nous avons étudié l’étendue des consciences secondaires, les phénomènes élémentaires de répétition et d’adaptation qu’elles représentent, puis leur vie indépendante, leur écriture spontanée, leur suggestibilité, la finesse de leurs perceptions ; nous nous sommes attaché à déterminer avec soin leurs points de contact avec la conscience principale, et nous avons vu que des associations multiples peuvent se faire entre elles ; une idée appartenant à une conscience peut suggérer une autre idée dans l’autre conscience ; bien plus, deux consciences peuvent collaborer à une œuvre commune ; mais si, dans tous ces cas, elles se mélangent à un certain point de vue, elles restent cependant distinctes, car le moi de l’état A n’a point conscience du moi de l’état B.

Nous nous sommes proposé enfin d’établir une relation entre les successions de personnalités et leurs coexistences. Nous avons vu que le personnage somnambulique, qui, dans les expériences d’hypnotisme et dans les accès spontanés de somnambulisme, prend un remarquable développement, peut se conserver en partie pendant l’état de veille, et que c’est précisément lui qui est le personnage subconscient que nous avons étudié dans les états d’anesthésie et de distraction : mille preuves nous ont été fournies de son identité, et la meilleure est toujours celle de la mémoire ; le moi somnambulique connaît toutes les pensées du personnage subconscient de l’état de veille (p. 137) et le moi subconscient connaît celles du moi somnambulique (p. 76). Ce point étant pleinement démontré, nous avons examiné les relations complexes du personnage somnambulique avec la conscience normale des sujets, considérés au moment où ils exécutent certaines suggestions de nature complexe : rappelons simplement nos études sur l’hallucination et l’anesthésie systématique qui nous ont montré que le moi somnambulique intervient