Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/43

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des symptômes bruyants, mais par des amnésies et des changements de caractère rappelant en petit ceux de Félida et de Louis V…, et se systématisant, se rattachant à certaines périodes d’existence. Ce sont là des symptômes qu’il faut chercher, comme disait Lasègue en parlant de l’anesthésie.

Nous sommes restés jusqu’ici confinés dans l’hystérie. Tous les malades dont nous avons raconté l’histoire sont incontestablement des hystériques. La question se pose de savoir si, en dehors de cette névrose, on rencontre des divisions analogues de la conscience et de la personnalité.

Si on prend comme signe de ces divisions l’état de la mémoire, toujours plus facile à constater d’une manière précise que les changements de caractère, il faut répondre affirmativement à la question posée ; on trouve dans des conditions très diverses des fragments de vie psychologique qui ont pour trait essentiel de posséder une mémoire propre ; nous entendons par là que ces états ne laissent point de souvenirs pendant la veille, mais que le retour du même état ramène les souvenirs de sa manifestation antérieure, et la personne se rappelle tous les faits qu’elle avait oubliés pendant sa vie normale.

Parfois l’existence d’une mémoire propre à ces états seconds se manifeste sous une forme un peu différente et plus élémentaire ; le sujet recommence toujours les mêmes actes. On rencontre des exemples aujourd’hui bien connus de ces particularités psychologiques dans le rêve, les intoxications par l’alcool, l’éther, le haschich, etc., les folies circulaires, l’épilepsie. Il existe même chez quelques épileptiques une double vie psychologique présentant les mêmes caractères que dans l’hystérie[1].

  1. Bulletin médical, 1889, n. 18.