Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/46

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porté en France, il fut placé dans divers hôpitaux militaires de Paris, et resta paralysé pendant environ une année. Néanmoins, il fut assez heureux pour guérir de cette paralysie, qui ne laisse plus aujourd’hui d’autres traces qu’une légère faiblesse du côté droit, à peine sensible pour le malade, appréciable seulement au dynamomètre.

« Dès l’époque où le malade était encore à Mayence, trois à quatre mois environ après sa blessure, il présenta des troubles de l’intelligence, se manifestant par accès périodiques, caractérisés surtout par l’occlusion partielle des organes des sens et par une activité cérébrale différente de l’état de veille. Depuis cette époque, même après la guérison de l’hémiplégie, ces accès n’ont point cessé de se reproduire, toujours semblables à eux-mêmes, à la différence près de la périodicité plus ou moins éloignée (moyenne : quinze à trente jours), et de la durée de l’accès plus ou moins allongée (moyenne : quinze à trente heures).

« Les troubles nerveux que nous nous proposons d’étudier chez F… ont donc un point de départ matériel indéniable : une fracture du pariétal avec destruction de l’os dans une étendue facile à constater encore aujourd’hui, et, à l’occasion de cette fracture, une lésion du cerveau dans son hémisphère gauche, comme en témoigne l’hémiplégie de toute la moitié droite du corps pendant plus d’une année. Quelle a pu être la lésion du cerveau ? Vraisemblablement une encéphalite locale ou un abcès dans la substance nerveuse, puisque la plaie extérieure et la paralysie ont guéri presque au même moment, après une durée d’un an, et ont permis aux fonctions de sensibilité et de mouvement, si longtemps abolies dans le côté droit du corps, de reprendre leur équilibre normal. Que reste-t-il donc aujourd’hui ? Un simple trouble fonctionnel, apparu au moment où le cerveau était matériellement malade, et persistant alors même que toutes les fonctions de la vie de relation sont rétablies[1].

  1. On considère aujourd’hui l’état de F… comme un cas d’hystérie traumatique. (Voir G. Guinon, Progrès médical, 1891, no 20.)