Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/78

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qui on impose cette idée de sommeil entre dans cet état particulier qui n’est point le sommeil normal et dont elle n’a pas encore l’expérience. Expliquer cela par la suggestion, c’est se contenter d’un mot. Avouons-le, nous savons bien peu de chose de tous ces phénomènes ; pour provoquer le somnambulisme hypnotique, nous possédons quelques recettes utiles, voilà tout.

Le somnambulisme a été provoqué, par suggestion ou autrement. En quoi consiste cet état nouveau ? En quoi diffère-t-il de l’état de veille ? quelle transformation a-t-on fait subir au sujet en lui commandant de dormir ? Il serait peut-être aussi difficile de répondre à cette question qu’à la précédente. Ce que l’on connaît le mieux, ce sont les modifications psychologiques présentées par le sujet hypnotisé, c’est-à-dire les altérations qui se produisent dans son intelligence et dans ses sentiments. Il est probable, il est même certain que ces altérations ont pour base des modifications matérielles qui se produisent dans les centres nerveux du somnambule et dans d’autres parties de son organisme ; mais on ignore complètement la nature de ces phénomènes purement physiologiques, et tout ce qu’on a écrit à ce propos me paraît être de la fantaisie. La psychologie de l’hypnose est encore ce que l’on connaît le mieux, c’est le seul flambeau qui pour le moment puisse nous guider dans ces recherches. Sans doute, il serait désirable d’aller plus loin, d’ajouter à l’étude des fonctions psychiques celle des fonctions physiologiques, d’expliquer les altérations de la conscience par des expériences dirigées sur l’état des centres nerveux ; car on ne doit pas se dissimuler que tous ces phénomènes de conscience que nous décrivons sont souvent vagues, incertains, à contours mal dessinés ; et un esprit précis peut ne pas être satisfait par leur description, et déclarer que leur étude n’a point un caractère scientifique ; mais nous sommes obligés de nous contenter de ces notions vagues, parce qu’à tout prendre elles valent mieux que des notions fausses, et nous les préférons résolument à des hypothèses physiologiques, qui