Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/98

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mouvement passif, car la malade y collabore. S’il fallait user d’une comparaison, nous dirions que l’expérimentateur dirige la main du malade comme un cavalier dirige un cheval intelligent.

On n’éprouve d’ailleurs cette sensation toute particulière que lorsqu’on a affaire à une malade qui est apte à répéter toute seule les mouvements graphiques communiqués. Chez les sujets qui ne reproduisent rien, la main reste molle et inerte, une vraie main de mannequin.

Après la communication du mouvement passif, on abandonne la main du malade, en ayant soin de laisser l’extrémité du crayon appliquée sur une feuille blanche ; chez quelques hystériques, la main tombe sur le côté dès qu’on l’abandonne ; chez d’autres, elle n’a pas cette flaccidité, elle reste en position, tenant correctement le crayon, comme si elle allait écrire ; mais rien ne vient ; on perçoit parfois un fin tremblement dans le poignet et dans les doigts ; parfois aussi le crayon trace sur le papier quelques traits légers, indistincts, et c’est tout. Mais il en est d’autres chez lesquels le mouvement subconscient est bien plus manifeste. Les doigts continuent à se serrer autour du crayon, et le mouvement graphique qu’on a imprimé est reproduit, soit tout de suite, soit quelques instants après.

Avec quel degré d’exactitude le mouvement est-il reproduit ? Si on fait l’essai sur un sujet normal, dont la main est sensible, celui-ci arrive à deviner quel mot on fait écrire à sa main ; mais quand le mot est long, quand le mouvement est rapide, quand les caractères sont petits, il se trompe très souvent. Il n’en est pas de même chez les hystériques ; et on peut dire d’une manière générale que bien qu’elles n’aient pas la perception consciente du mouvement passif, elles peuvent le répéter souvent avec plus d’exactitude qu’un sujet normal. Mais il y a de grandes variétés d’un malade à l’autre, et nous devons en tenir compte.

Les uns ne savent répéter que des mouvements grossiers, comme des boucles ou des hachures ; mais une fois